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passage d’un tube pour injecter de l’air comprimé, qui chasse l’eau. Dans les expériences du Narval, en mars dernier, on a fait usage de l’air comprimé. Il déleste aussitôt l’épave. Elle remonte ; mais si la blessure n’a pas été fermée, cette épave ne remonte pas droite, ni même en équilibre. L’air et l’eau se déplaçant dans une enveloppe commune, la position de cette dernière est instable ; elle peut brusquement chavirer, se remplir à nouveau. Il n’en serait plus de même dans le cas ci-dessus. Encore faut-il que l’idée soit réalisable : il appartient aux techniciens d’en juger.

Bornons ici cette étude, qui n’a d’autre but que de faire connaître au public quelques-unes des difficultés d’un problème qui le passionne à bon droit. Elles ne sont pourtant pas insurmontables : la Marine, on le voit, n’est pas forcément désarmée en face des grands accidens de sous-marins. Malgré leur gravité croissante, leur soudaineté et les obstacles immenses du sauvetage, on peut espérer de l’avenir des moyens nouveaux pour lutter contre eux. On a déjà utilement travaillé à les rendre plus rares. On peut faire beaucoup encore pour les éviter, pour les combattre avant qu’ils aient produit leurs effets irréparables pour leur arracher à temps leurs victimes. Au terme de cet effort, on n’aura pas soustrait la navigation sous-marine aux dangers auxquels sont aussi soumis tous les autres genres de navigation : mais elle sera devenue sinon le plus sûr de tous, peut-être l’un de ceux qui font payer le moins cher les plus précieux résultats.


GEORGES BLANCHON.