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à la surface de la coque, sous une enveloppe d’étoffe imperméable. Celle-ci, se gonflant alors, formerait une hernie extérieure, un ballon, soutenant l’extrémité trop lourde. On réaliserait ainsi comme une ceinture de sauvetage partielle qu’on pourrait gonfler à volonté. Restent les nombreuses difficultés d’exécution ; il ne faut pourtant pas désespérer de la réussite.

Il existe bien des pompes destinées à épuiser l’eau, mais il est douteux qu’elles restent efficaces dans un cas grave. Leur capacité de refoulement demeure forcément limitée, même en surface : en profondeur, nous l’avons vu, la pompe, tout comme la chasse d’air, refoulera d’autant moins que la profondeur sera plus grande, c’est-à-dire qu’il entrera plus d’eau par la brèche.

Pour ce qui est d’aveugler cette dernière, comme on fait couramment sur les bateaux ordinaires au moyen de paillets préparés à l’avance et de substances obturantes, il n’y faut guère songer : la surface interne de la coque sous-marine, encombrée d’appareils, demeure presque partout hors de portée de la main. Puis c’est à l’extérieur qu’il faut appliquer les paillets, pour que la pression ambiante les tienne en place. Les cas seront rares où un dispositif intérieur permettra, l’ouverture étant petite, de caler par un arc-boutant un bouchon qui résiste.

Ainsi, la plupart du temps, il faudra se résigner à abandonner à l’eau tout compartiment blessé. Si ce n’est pas celui des accumulateurs, si l’on réussit à maintenir l’équilibre horizontal et, en vidant les ballasts saufs, à s’alléger d’un poids égal à la surcharge, on pourra lutter encore et remonter. L’essentiel, pour que la lutte reste possible, est que les cloisons soient étanches. Il faut enfin que le ou les compartimens abandonnés ne forment qu’une assez faible part du volume entier du bâtiment. Nos sous-marins sont divisés en six ou sept tranches. Si la chasse d’air peut restituer les deux tiers de la flottabilité totale, en surface, c’est-à-dire 100 tonnes sur 150 dans un submersible de 450, c’est plus que le sixième du déplacement en plongée : le sixième de 450 est 75. L’envahissement d’une tranche alourdit donc de 75 tonnes ; la chasse allège de 100 : une force de 25 tonneaux pousse à remonter.

Ce serait parfait si on ne trouvait de grandes difficultés à rendre étanches les cloisons de séparation, en raison des nombreux organes mécaniques, tiges, tuyaux, etc., qui doivent les traverser. Sur le Farfadet, on s’en souvient, les survivans