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dira-t-on. Parce que ce serait diminuer la clarté de la vision, ce qui a des inconvéniens évidens, à moins d’augmenter la grosseur du tube, ce qui en offre d’autres. Par-dessus tout, on s’exposerait à des vibrations incompatibles avec la solidité de l’appareil. Car déjà pour les vitesses très modérées qu’on atteint en plongée, huit à neuf nœuds environ, les longueurs actuelles de périscope, 3m, 50 à 4 mètres, occasionnent des oscillations inquiétantes.

Voilà un défaut du périscope : il en a plus d’un ; d’abord, il ne donne pas certain relief des choses, nécessaire pour apprécier leur distance. On y voit comme par un œil unique. On peut bien essayer des périscopes à vision binoculaire, mais ils auront toujours le tort de nécessiter de plus gros tubes. Il en sera de même si l’on veut augmenter la clarté.

La vision de l’appareil n’embrasse pas non plus tout l’horizon, mais un peu plus d’un quart de son pourtour. Quand on revient voir à la surface, il faut par conséquent un instant pour tourner sa vue de tous les côtés. Un périscope à image circulaire n’est sans doute pas irréalisable. Si l’on en croit le Scientific American, la marine des Etats-Unis en aurait expérimenté un qui, tout en déformant un peu les images, résoudrait le problème de façon satisfaisante.

Supposons ce progrès accompli chez nous : il subsistera d’inévitables imperfections : le défaut d’élévation, en premier lieu, qui met le sous-marin regardant par son tube dans les mêmes conditions qu’un nageur dont la tête est à la surface même du flot. De si bas, on juge mal les choses, surtout si la mer n’est pas plate ; on mesure de façon très insuffisante les dimensions des objets ; et si l’on aperçoit un bateau, ne voyant pas son sillage ni toutes les apparences de son allure, on reconnaît avec peine la direction qu’il suit.

Les, sous-marins des nouveaux modèles reçoivent deux périscopes : l’un plus gros pour voir de loin ou pour mieux voir ; l’autre plus petit, mais moins visible.

La plupart des difficultés disparaîtront un jour, si l’on peut utiliser les procédés de transmission électriques des images. Dans ce cas, entre l’objectif émergeant hors de l’eau et le poste de commandement, il suffirait d’un tube gros comme le doigt ; et sa faible résistance à la marche lui permettrait plus de longueur. Rien n’obligerait ici le courant à suivre un trajet rectiligne,