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insuffisant. En manœuvres, en guerre surtout, le sous-marin ne pourra sans inconvéniens revenir fréquemment à la surface et y montrer son périscope. Il est utile que cet aveugle, à défaut de la vue, fasse appel, dans l’intervalle, à un autre sens, celui de l’ouïe. On a cherché dans cet ordre d’idées à combiner des appareils qui, jusqu’ici, n’ont pas donné grand résultat, mais dont aucune raison théorique n’empêche d’espérer mieux. Pour le moment, c’est encore en appliquant l’oreille contre la coque du bateau qu’on entend le plus nettement le bruit fait par une hélice battant l’eau à l’extérieur, ou le martèlement des machines à piston. Les moteurs électriques, qui servent seuls en plongée, sont silencieux : cela permet de percevoir, dans la plupart des cas, la présence d’un bateau de surface en marche à proximité. Il se révèle parfois à plus de deux kilomètres. Mais la portée de cet avertissement est variable. Elle dépend de l’allure et de la dimension du bâtiment qui se signale ainsi de loin, des mouvemens de la mer, des clapotis, des écueils voisins, du bruit qui peut se faire à l’intérieur du sous-marin. La présence d’un autre sous-marin, à moteur également silencieux et à propulseur peu bruyant, ne sera pas perceptible. Pour précieux que soit ce moyen de surveillance, il offre donc des lacunes ; il est irrégulier ; il renseigne insuffisamment sur la distance et la direction du danger. Son emploi permanent présenterait certaines difficultés ; on n’y peut immobiliser le commandement : il faut souhaiter qu’on perfectionne les appareils écouteurs qui en accroîtraient l’efficacité.

Le périscope lui-même n’est pas parfait. C’est l’œil du sous-marin, un œil qui sort et qui rentre comme celui du limaçon. Une lentille au bout d’un tube reçoit les rayons lumineux que des prismes dévient, font descendre dans l’axe du tube jusqu’au poste de commandement, où ils reproduisent l’image de l’horizon. Mais le périscope, lui non plus, ne se trouve pas toujours utilisable. Le tube qui le porte, gros au moins comme une bouteille, révèle la présence du bateau ; celui-ci ne doit le montrer que le moins souvent possible. Quand il s’agit de passer sous un obstacle, il faut rentrer cet appendice fragile. Enfin le tube forme résistance à la marche ; aux immersions de sécurité, sous l’épaisseur d’eau qui permet de n’être pas touché par la quille des gros navires, le périscope ne saurait d’ailleurs atteindre la surface : il n’est pas assez long. Pourquoi ne pas l’allonger ?