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faire un bond vers le haut, sortir sa pointe avant. Les plombs de sécurité de bâbord avaient été lâchés en effet ; mais les survivans n’avaient pas eu le temps de détacher ceux de tribord, non plus que la bouée téléphonique disposée à l’avant pour permettre de signaler le lieu du sinistre.

Une cause semblable vient d’amener la perte, en avril dernier, de 14 hommes et du sous-marin japonais n° 6. Découvert le lendemain seulement, renfloué après plusieurs jours d’efforts, il contenait, dans le kiosque où le commandant avait pu écrire à la faible lumière des profondeurs, un message adressé à l’empereur. L’héroïque officier recommandait à son souverain les familles des victimes et faisait le récit de leurs derniers instans. La rupture d’une chaîne de transmission avait rendu impossible la fermeture des vannes de remplissage aux ballasts, lesquels, là aussi, avaient cédé. Sous l’invasion de l’eau, l’électricité s’éteint, le moteur s’arrête, les accumulateurs répandent des gaz délétères. L’équipage s’efforce de vider les caisses au moyen d’une pompe à bras ; mais l’air manque, les hommes s’épuisent et tombent. Le commandant écrit toujours. A onze heures quarante-cinq, sa dernière pensée est pour ses compagnons. A midi trente, il noie une difficulté extrême à respirer, la peine qu’il a à tenir sa plume. Il inscrit encore « 12h 40", » et c’est fini : le reste de la phrase est en blanc…

Nous n’avons plus à parler que des cas d’abordage. L’un ; celui du C11 anglais, causé, le 13 juillet 1909, par le vapeur Eddystone, engloutissait 11 victimes. Encore, comme on naviguait en surface, les deux officiers furent-ils saufs. L’un faisait le quart, au dehors. L’autre, qui allait le remplacer, eut pour premier geste de rentrer éveiller ses hommes ; mais le courant d’air le chassa violemment. Le bateau coula en trente-cinq secondes par 28 mètres de fond. Après quelques jours d’infructueuses tentatives, l’amirauté fit venir un croiseur sur le lieu du naufrage, pour y rendre les derniers honneurs et réciter des prières solennelles. Et ce fut tout. On laissa ces marins dormir ensemble sous la mer.

Peu de jours auparavant, un submersible russe, le Kambalo, avait subi le même sort au cours des manœuvres navales, avec vingt matelots. Ici encore, le commandant avait échappé.

Mais les abordages en plongée ne permettent pas le salut d’un seul homme. Avant le Pluviôse, c’est le A1 anglais qui en