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Elie, un moine-ingénieur, Fra Giovanni della Penna, nommé, en même temps que Fra Filippo di Campello, dans un bref de Grégoire IX, qui prie son supérieur de lui laisser achever un aqueduc commencé. D’autre part, à la même époque, il y a deux frères du même nom dans l’ordre mineur. Le plus connu, disciple de saint François dès 1215, adjoint, dès 1216, à la mission en Provence, paraît, sauf quelque apparition aux chapitres annuels d’Assise, avoir séjourné en France vingt-cinq ans. Il n’en revient qu’en 1241, pour gouverner différens monastères dans les Marches, et s’éteint, dans sa bourgade natale, chargé d’années, en odeur de sainteté, en 1271. C’est un continuateur vénéré de saint François, abondant, comme lui, en visions mystiques. Le second, sorti du même pays, non moins estimé par l’Homme de Dieu, fut, à la même époque, en 1216, chargé d’évangéliser l’Allemagne, mais n’y eut aucun succès. Chassé par les persécuteurs, il dut rentrer bientôt en Italie, qu’il ne paraît plus avoir quittée. Ce serait, d’après le Père Giusli, l’architecte désigné par le Pape. En tout cas, que ce soit l’un ou l’autre, son apparition n’est signalée qu’assez tardivement, au moment où l’édifice devait être déjà fort avancé. Que ce soit l’un ou l’autre, son séjour, plus ou moins long, en France ou en Allemagne l’avait mis au courant de l’évolution architecturale, déjà accomplie d’un côté du Rhin et déjà commencée de l’autre. Sauf présentation de nouveaux documens, concluans et irrésistibles, réservons donc, en bonne partie, notre reconnaissance à ce Fra Filippo di Campello, que nous retrouvons, dès lors et pendant longtemps, possédant toujours la confiance de ses compatriotes et de ses confrères. C’est lui qu’ils chargeront encore, en 1257, d’édifier une église en l’honneur de la compagne spirituelle et collaboratrice ardente de saint François, sainte Claire. La construction était presque terminée et consacrée huit ans plus tard. « C’est une imitation fidèle, dit M. Thode, de son église supérieure d’Assise. »

Quelles que soient les origines et la nationalité des inspirateurs et des exécutans qui ont conduit la besogne, l’œuvre est là, toujours superbe, solide, vivante, éloquente, parlant pour eux. Si souvent, si longtemps qu’on la revoie, on y éprouve toujours les mêmes impressions, on s’y sent affermi dans les mêmes réflexions. Les trois élémens, dont le mélange, en des proportions et par des combinaisons diverses, vont se retrouver dans