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(Grégoire VII, saint François d’Assise et Thomas d’Aquin) se succèdent pour rappeler aux croyans et aux philosophes la grandeur de son rôle au XIIIe siècle. Les éloquentes leçons d’Ozanam à la Sorbonne en 1850, sur les Poètes franciscains, la biographie pittoresque de Hase en 1851 (Franz von Assisi, ein Lebensbild), l’article ému et suggestif de Renan à propos de « ce petit chef-d’œuvre de critique religieuse, » accélèrent, plus encore, le mouvement. Partout, en Allemagne, en Italie, en France, c’est une succession, rapide et ininterrompue, de biographies édifiantes et critiques et de publications documentaires, par des ecclésiastiques ou des laïques, des catholiques ou des protestans, des croyans ou des libres penseurs, qui forment déjà une énorme bibliothèque.

Comment se fait-il que, parmi cette multitude, laborieuse et enthousiaste, d’érudits acharnés aux dépouillemens d’archives, quêteurs infatigables de faits nouveaux et de détails inédits, la plupart n’aient signalé qu’en passant cette influence extraordinaire exercée sur la Renaissance des lettres et des arts, sur toute la civilisation sociale, imaginative, intellectuelle de l’Italie par les exemples et les paroles, la vie et la légende du Saint ? M. Paul Sabatier lui-même, cet érudit critique à la fois si prudent et hardi, si respectueux et libre, dont la perspicacité et l’activité sont également admirables et dont le Saint François d’Assise (1894) a déterminé la dernière et magnifique floraison internationale de littérature franciscaine, a laissé, jusqu’à présent, de côté cette question capitale. Cependant, neuf ans avant lui, en 1885, un jeune professeur allemand, M. Thode, historien et critique d’art, d’une érudition patiente et solide, d’une sensibilité personnelle et sagace, avait déjà traité la question avec une ampleur remarquable en intitulant hardiment son travail : Saint François d’Assise et les Origines de la Renaissance en Italie. Ce copieux et beau livre, où les idées émises par Goerres, Ozanam, Renan étaient sur tous les points développées, avec un apport considérable de faits et d’observations nouveaux, n’a cessé, depuis son apparition, d’être utilisé par tous les franciscanisans. La traduction récente qui vient d’en être faite, sur la seconde édition, revue et mise à jour, par un de nos meilleurs polyglottes, ne saurait donc manquer d’être accueillie avec reconnaissance par les lecteurs français. Les chapitres sur la Basilique d’Assise, sa décoration et son influence sur l’architecture