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Le caoutchouc récolté sera soumis à une redevance de 0 fr. 75 par kilog. de Comme provenant d’arbres ou de lianes et à 0 fr. 50 par kilog. de caoutchouc des herbes[1]. Le colon acquittera enfin une taxe de replaniation qu’un décret[2] fixe à 0 fr. 40 par kilog. de caoutchouc d’arbres ou de lianes et de 0 fr. 20 par kilog. de caoutchouc des herbes, taxe dont le ministre des Colonies donne l’économie dans l’exposé des motifs du budget[3].


Nous n’entrerons point ici dans le détail des multiples dispositions législatives prises pour rendre ces premiers décrets effectifs : réduction de moitié de la taxe sur les coupes de bois domaniaux destinés au chauffage des vapeurs ; diminution sensible des tarifs de transport sur le haut-fleuve ; facilités d’acquisition des terrains à l’usage des factoreries ; réduction des impositions directes et personnelles ; diffusion du numéraire ; suppression progressive du ravitaillement des agens qui auront à se pourvoir sur place ; tout l’appareil compliqué que, dans la logique de son attitude, l’Etat indépendant avait édifié pour isoler son domaine, tout cet appareil s’effrite en attendant qu’il disparaisse.

Il est cependant une question épineuse, celle des concessions. Comment le Congo belge, qui montra la voie en créant les premières sociétés concessionnaires, va-t-il reprendre sa liberté d’action aujourd’hui que leur maintien paraît nuisible ? Va-t-il, comme M. Félicien Challaye au lendemain de

  1. Décret du 22 mars 1910.
  2. Décret du 3 mars 1909.
  3. « La question des replantations présente une importance capitale. Elle était réglée jusqu’à présent par les dispositions du décret du 22 septembre 1904. L’application de ce décret a provoqué des réclamations sans procurer, d’ailleurs, de résultats suffisans. C’est pourquoi le Gouvernement se propose de l’abroger et de substituer, à l’obligation de replantation qu’il consacrait, une taxe de replantation fixée à 0 fr. 40 par kilog. de caoutchouc d’arbres ou de lianes et à 0 fr. 20 par kilog. de caoutchouc des herbes. Le montant de cette taxe sera versé dans un fonds spécial de replantation. Ce fonds destiné à l’établissement régulier de plantations d’État sera alimenté par le produit de la taxe de replantation payée par les particuliers et par le budget extraordinaire. Le Gouvernement pense qu’une somme de 1 500 000 francs, dont 1 million, au plus, à charge du budget extraordinaire, suffira à l’établissement annuel de 2 000 hectares de plantations dont l’entretien incombera ultérieurement au budget ordinaire. Nous arriverons ainsi, en dix ans, à constituer à la colonie un patrimoine considérable dont les revenus permettront d’alimenter largement le budget et d’amortir rapidement les capitaux engagés. »