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Stanley-Falls, était réservé, et le mode d’exploitation devait en être déterminé ultérieurement.

Désormais, l’œuvre va s’épanouir. Les vastes régions restées ouvertes sont assez riches pour assouvir les appétits, et l’Etat du Congo est enfin en possession de l’instrument budgétaire qu’il cherchait. Soit qu’il exploite ses forêts directement en régie, soit qu’il les afferme à des sociétés concessionnaires, soit qu’il les donne à de grandes entreprises de travaux publics, il en fait l’auxiliaire de sa politique fiscale et économique, et l’outil répond docilement à ce que l’on en demande. Chaque centre administratif établi dans le domaine privé de l’Etat, se double d’un poste de perception, exclusivement affectée la récolte du caoutchouc et de l’ivoire et à leur expédition en Europe. Le décret du 17 octobre 1889 qui prévoyait l’octroi de concessions est en même temps mis en œuvre. Le 2 et le 6 août 1892, se constituent à Anvers, la Société Anversoise du Commerce au Congo et la Société Anglo-Belge du caoutchouc pour exploiter respectivement les bassins de la Mongola et de la Lopori-Maringa. Ces Compagnies devancent d’un an la première concession du Congo français, l’énorme domaine accordé, le 17 novembre 1893, à la Société du Haut-Ogoué ; mais ici, la participation du Trésor au revenu des entreprises est la condition primordiale de leur constitution.

Sous une impulsion énergique, les postes de récolte entrent en rendement, et le budget régulièrement alimenté peut s’accroître sans danger. Les dépenses passent successivement de 4 731 981 francs en 1892 à 5 440 000 en 1893, à 7 370 000 en 1895 et à 8 875 000 en 1897. L’achèvement, en 1898, du chemin de fer reliant le Stanley-Pool à un port maritime rend désormais facile l’accès du Haut-Congo et l’Etat y trouve un supplément de ressources. Le budget passe à 14 puis à 19 millions.

L’engouement pour les affaires coloniales devient les en Belgique, que les coloniaux français sont pris d’émulation : 100 demandes de concessions sont adressées au Ministère. Les milieux commerciaux du Havre, en rapports suivis avec ceux d’Anvers, font agir l’influence de Félix Faure et, en 1900, le Congo français presque tout entier est réparti entre quarante et une sociétés concessionnaires. — Nous n’avons point à rappeler ici les réclamations auxquelles elles donnèrent lieu de la part des maisons anglaises établies depuis longtemps au Congo