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forme une unité à part de six bataillons. Au moment de la mobilisation, chaque division active forme une division de réserve, une brigade de réserve et trois bataillons de dépôt à quatre compagnies. Le recrutement se faisant par engagemens volontaires, il est difficile d’admettre la possibilité de ces formations. Les projets du gouvernement sont vastes, tout est facile sur le papier. Avant octobre 1012, la Chine doit avoir, dans ses 37 divisions actives. 27 713 officiers ou assimilés, dont 13 357 combattans, 435 268 hommes de troupe et coolies, dont 377 798 combattans et 82 251 chevaux ou mulets. Pour 1920, ses projets sont plus vastes encore. Elle aurait un million 185 000 combattans. En attendant la réalisation de ce programme, nous pouvons estimer à 200 000 au plus le nombre des soldats exercés qu’elle pourrait mettre en ligne. Comment ces troupes seraient-elles pourvues, il est difficile de s’en rendre compte. Il n’est pas permis de visiter les magasins, probablement parce qu’ils sont vides. Les magasins chinois ont cette propriété particulière de se vider sans qu’il soit fait de distributions. Il faut de nouveaux marchés pour les remplir derechef, d’où source nouvelle de profits pour les autorités locales.

Le soldat, quoique dressé à l’allemande, est médiocrement discipliné ; il raisonne et discute. Les autorités supérieures n’ont en lui qu’une confiance limitée, si bien que, lors des troubles du Hu-nan, le 13 avril dernier, le gouverneur n’a pas osé faire appel à la 23e brigade mixte à Tshang-sha, pour réprimer l’émeute. Les sociétés secrètes exercent sur le soldat une action qui échappe aux chefs à moins qu’eux-mêmes n’en fassent partie. On en voit le danger. Les sous-officiers se recrutent dans les corps de troupe ; soldats choisis, envoyés dans des écoles provinciales où ils passent un an. Ils sont nommés sous-officiers après examen et retournent à leurs corps. Ces écoles seront supprimées quand les cadres seront constitués. Les unités devront alors pourvoir elles-mêmes aux besoins.

La valeur militaire des sous-officiers est faible. Ils n’ont aucune initiative et ne peuvent servir qu’à des exercices à rangs serrés. Le système de la communauté d’origine des officiers a été adopté. Il existe une école préparatoire par province, qui enverra ses élèves dans une des quatre écoles moyennes de Pékin, Nankin, Outchang et Si-ngan-fou. L’Ecole impériale d’officiers est à Pékin et reçoit tous les élèves de l’école