Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/347

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Djaïnas du Kattivar, quatre petits mandirs marquent les quatre faces. Plus artistique encore m’apparaît un mandir analogue, au dôme étage en pyramide ; la même pyramide, réduite, forme porche au-dessus de charmantes colonnes construites exactement sur le modèle des colonnes de bois d’une pagode voisine, ainsi que l’a remarqué si justement le docteur Le Bon. Il abrite un encadrement de porte délicieusement ouvragé.

Tout attire et retient l’attention dans la vieille capitale des Newars. Le Durbar aux quatre-vingt-dix-neuf cours, que je n’ai pas comptées, je l’avoue, présente une façade décorée des plus curieuses et des plus délicates ouvertures dues à ces artistes incomparables dans le bois et la pierre, qu’ont été les ouvriers newaris. Que dire encore de ces colonnes monolithes déjà aperçues à Katmandou, plus fréquentes à Bhatgaon et dont j’admirerai le si bel effet à Patan : grands piliers isolés, ronds ou carrés, cannelés ou biseautés, le plus souvent surmontés du lotus épanoui qui leur sert de chapiteau ? Ces monolithes, dit-on, sont semblables aux colonnes commémoratives qu’Açoka faisait élever plus de deux siècles avant notre ère et dont le Népal seul a conservé l’antique coutume. Ils sont généralement réservés à la statue du souverain qui a fait édifier le temple. C’est celle du Raja Bhopatimal qui étincelle dans la lumière sous son parasol en forme de cloche ; là, c’est un Garouda, le dieu oiseau, le véhicule de Vichnou, qui y déploie ses ailes. Certaines de ces statues, affirme-t-on, sont en or ; je croirais plutôt à l’un de ces beaux alliages dont les Népalais eurent le secret et dans lequel entre pour une notable partie le précieux métal.

Nous avons traversé tout le bazar, longé toutes les échoppes dont les toits, au-dessus des façades plates, surplombent dans la rue au point de ne laisser apercevoir qu’une étroite bande de ciel ; les enfans risquent de se faire écraser pour mieux me voir, des têtes de femmes s’encadrent, à la Gérard Dow, dans les plus délicates fenêtres. Je ne vois pas une seule maison banale ; des pavillons tout en bois sont posés sur des colonnades qui forment en quelque sorte le rez-de-chaussée. Ces colonnes, très ouvragées, portent un merveilleux étage, abrité à peine derrière une autre colonnade, sous deux toits successifs très élégans. L’un de ces remarquables pavillons domine une belle dhara, plus ancienne que celle de Bhim Sen à Katmandou.

L’heure nous presse. Dans le lointain, les montagnes laissent