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REVUE MUSICALE


La saison italienne au théâtre du CHATELET. — THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE On ne badine pas avec l’amour, d’après Alfred de Musset : paroles de Louis Leloir et de M. Gabriel Nigond, musique de M. Gabriel Pierné. — THEATRE DE L’OPERA : La Damnation de Faust. — Pauline Viardot.


Le très vif intérêt de la saison italienne organisée au théâtre du Chatelet ne fut et ne pouvait pas être la révélation, mais la restitution de quelques œuvres ou chefs-d’œuvre de là-bas. A nous présentés en leur langue originale, dans leur style propre, animés de l’esprit et du sentiment qui les créa, nous avons mieux entendu et mieux compris un groupe d’ouvrages inégaux. Aussi bien, dans cette revue d’ensemble, ils ont gardé pour nous leurs places respectives. Avec Manon Lescaut, la meilleure partition, dit-on, de M. Puccini, que nous regrettâmes de ne pouvoir entendre, le cartellone comprenait : I Pagliacci de M. Leoncavallo, Cavalleria rusticana de M. Mascagni, Aida, Otello et Falstaff, de Verdi. Nous citons par ordre de mérite, et comme en montant : ou vraiment, en montant de l’un des bas-fonds à l’un des sommets de la musique d’Italie.

Cavalleria rusticana, formant spectacle chez nous, comme toujours chez nos voisins, avec I Pagliacci, parut gagner à ce contact. De l’une et de l’autre musique, la plus sommaire, la plus vulgaire, la plus pauvre, n’est décidément pas celle de M. Mascagni. Celle-ci peut écraser, assommer souvent. Quelquefois du moins elle se contente de toucher et d’émouvoir. Dans sa brutalité, il arrive qu’elle apporte je ne sais quoi d’instinctif et de juvénile, de sincère et d’ingénu. Et quand elle se contient, ou se retient, elle n’est pas incapable de nous donner une impression directe, et assez forte, de vérité et de