Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 58.djvu/206

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

choisis parmi nos administrations, les membres du Parlement et nos premières sociétés d’agriculture et d’alpinisme, que l’on y arriverait.

On devrait débuter en Savoie, visiter les torrens de la Tarentaise et de la Maurienne, torrens éminemment instructifs, chacun en son genre, afin de se fixer sur les méthodes à suivre désormais à l’égard des cours d’eau de cette nature. Simultanément on explorerait quelques grands territoires pastoraux capables d’édifier sur les soins qu’apportent les communes et les particuliers à la gestion de leurs pâturages, par, exemple ceux de Beaufort, de Bourg-Saint-Maurice et de Séez. De Séez on escaladerait le pic de Lancebranlette, belvédère incomparable, d’accès facile, d’où à 2 963 mètres l’œil, embrassant une partie des Alpes, peut juger de l’immensité des surfaces rocheuses ou pastorales imboisables, que partant, la suppression des grandes crues est un rêve irréalisable. En Maurienne, on constatera les progrès du boisement naturel en cent endroits divers et les dispositions des communes les plus reculées en faveur du boisement artificiel, pourvu qu’on en concilie la marche avec le maintien du pâturage. A Chambéry, on remontera la Leysse et ses ramifications ; on y puisera la conviction que le laisser-croître pur et simple, accompagné de dépenses minimes de garnissages, mettrait dans le meilleur état la plupart des versans des rivières torrentielles d’altitude moyenne.

On montera en Oisans ; auprès de son chef-lieu on remarquera le bassin de Saint-Antoine, aux trois quarts rocheux, occupé par de vieilles forêts épaisses sur son quatrième quart, où il apparaît nettement qu’en certains cas, l’art est incapable d’apporter aucune modification appréciable à la situation créée par la nature. Après avoir franchi le Lautaret, on s’arrêtera au Monestier-de-Briançon dont le vaste territoire, compris entre 1 400 et plus de 3 000 mètres avec ses 6 000 hectares de montagnes pastorales, figure la commune alpestre complète, où sont à étudier des améliorations de toute espèce. On suivra la Durance jusqu’à Mont-Dauphin, et l’on gagnera Vars, autre territoire non moins suggestif que le précédent, où existent des forêts de mélèze, à rendement herbeux abondant, des pelouses sans fin et encore des torrens intéressans.

Du col de Vars on descendra sur l’Ubaye. Arrivé à l’un des principaux centres de montagnes louées à des propriétaires de