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renseignement précis tiré d’un dossier correctionnel. La série de quinze photographies honnêtes vaut 1 fr. 50, souvent même 1 franc seulement. Celle des photographies obscènes se vend de 18 à 24 francs. Un imprimé de 30 à 40 pages vaut 0 fr. 50, un franc au plus. L’écrit obscène de même volume se vend de 12 à 15 francs. Comment s’étonner qu’un vendeur étranger de marque, arrêté à Paris et mis en liberté provisoire sous une caution de 25 000 francs, les ait fournis dans les vingt-quatre heures et les ait laissés, sans hésitation, aux mains de la justice ?

Quant à la sécurité, comment ne serait-elle pas assurée ? Le pays du domicile n’a pas le plus souvent compétence, le délit étant réalisé hors de son territoire. Quant à celui où les faits sont commis, il peut sans doute réprimer, mais par défaut et qu’importe au délinquant une condamnation qui ne sera pas exécutée et qui restera vraisemblablement inconnue au lieu qu’il habite ?

C’étaient naturellement les sociétés aujourd’hui si nombreuses, que l’intensité du mal a fait naître partout, qui devaient, par leur pratique professionnelle, avoir les premières la révélation de ces faits. Elles en étaient fort alarmées. Mais que faire en présence de l’impuissance des lois intérieures contre leur nouveauté ?

L’une d’elles, le Bureau international d’information contre la littérature immorale de Genève, eut, la première, le sentiment qu’une entente internationale entre les gouvernemens pour donner à leurs législations les moyens de combattre ce redoutable fléau était indispensable. Un premier appel adressé par elle aux associations similaires de tous les pays restait toutefois sans effet. Mais reprenant, l’année suivante, cette idée, la Société française contre la Licence des rues se mettait en rapport avec elle et, le 20 février 1906, les deux associations réunies adressaient une nouvelle et pressante invitation à tous les groupes des autres pays, de s’assembler en un congrès privé pour délibérer en commun sur les mesures à prendre, si toutefois leur expérience personnelle était d’accord avec leurs propres constatations.

Ce congrès a eu lieu les 21 et 22 mai 1908 ; quatre-vingt-six associations dont quarante-six étrangères, appartenant à neuf pays, y prenaient part. Quatorze venaient de l’Allemagne, cinq de la Hollande, sept de la Hongrie, cinq de la Suisse, huit de l’Italie, deux de la Belgique, une de la Norvège, une du