exemples en sont rares. Mais ce que l’histoire établit sans conteste, c’est que, parmi les peuples déchus, il n’en est pas un dont la ruine n’ait commencé par le dérèglement des mœurs.
Un point sur lequel il faut particulièrement insister est le désastre public de la corruption de la jeunesse. Qu’on ne s’y méprenne point, là est la cause principale de la criminalité juvénile, si gravement attestée par les plus récentes statistiques et devenue l’objet de si vives alarmes. Sans doute elle a plus d’une cause, et les vices de l’éducation publique, relevés avec insistance par tant d’éducateurs autorisés, et reconnus d’ailleurs par la bonne foi de quelques-uns des partisans les plus avérés de la laïcité, y ont une large part. Nous ne voulons pas aborder ici ce sujet, désirant éviter le reproche de mêler des préoccupations politiques aux considérations d’ordre purement moral qui nous dirigent. Mais comment contester que l’élément le plus certain du problème ne soit dans la dépravation précoce des jeunes criminels ? Il suffit, pour s’en convaincre, d’ouvrir les dossiers de la plupart d’entre eux.
Ce ne sont pas choses nouvelles. C’est une étude déjà faite par des criminalistes autorisés. Il est bon de les répéter, car elles sont la démonstration la plus sûre d’un état de choses encore trop mal connu. Que de jeunes délinquans trouvés nantis, sur eux-mêmes ou dans leurs hardes, d’images, de chansons ou d’objets obscènes ; que d’autres convaincus de n’avoir cherché dans le vol que le moyen de satisfaire leur précoce débauche ! Pense-t-on que pour ces bandits de quinze ans, souvent même plus jeunes, la passion de bien vivre, celle du jeu, le besoin de satisfaire aux caprices d’une femme, causes communes des délits de l’adulte, soient le motif des premiers larcins ? Non, c’est uniquement le désir ardent des premières débauches. Ils volent pour jouir. Aussi voit-on des gamins de quatorze ans et moins, associés, dès leur premier vol, à des filles aussi dépravées qu’eux, parfois de leur âge. Les bandes d’apaches, si fréquentes aujourd’hui, opérant sous le commandement de chefs à peine nubiles, n’ont-elles pas pour but l’orgie plus que le crime ? Et ce monde de souteneurs inconnus de nos pères, la plupart mineurs, faisant profession de vivre sans travail du profit de la prostitution féminine !
Quelle est l’origine de ce mal nouveau, sinon l’exhibition de la rue, l’image du journal ou de la revue publiquement