Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/953

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La session parlementaire n’a été vraiment ouverte que le 9 juin par la lecture de la Déclaration ministérielle, lecture qui ne pouvait être faite que lorsque la Chambre aurait été constituée, c’est-à-dire lorsqu’elle aurait validé plus de la moitié de ses membres et élu son bureau définitif. Le bureau provisoire était composé, suivant les prescriptions du règlement, du doyen de l’assemblée comme président et des plus jeunes membres comme secrétaires. Le doyen était M. Louis Passy, qui a profité de l’occasion pour faire entendre des conseils pleins de sagesse et de bon sens : il les a résumés d’un mot en disant que le discours de Périgueux avait été mis à l’ordre du jour par le pays lui-même. M. Louis Passy est descendu du fauteuil avec la même dignité qu’il y était monté, cédant la place à M. Brisson. Les journaux radicaux-socialistes ont fait grand bruit de l’élection de celui-ci : ils ont voulu y voir un succès pour leurs idées. La vérité est que M. Brisson, n’ayant pas de concurrent, devait être forcément élu, et s’il faut s’étonner de quelque chose, c’est du faible chiffre de sa majorité : elle n’a été que de 304 voix dans une Chambre composée de 597 membres. Mais ce n’est pas autour du fauteuil présidentiel que devait se livrer la première bataille dans la nouvelle Chambre.

Au moment, où nous écrivons, cette bataille n’a pas encore été livrée. Le gouvernement a lu sa déclaration ; la Chambre, après l’avoir entendue, en a remis la discussion à plus tard. Elle s’est donné trois ou quatre jours de réflexion, et peut-être n’étaient-ils pas inutiles pour relire à tête reposée une déclaration qui est très longue. Est-elle aussi bien remplie qu’elle est développée ? Peut-être, on n’en sait rien encore, il serait imprudent de se prononcer aussi vite. Il y a là trop de choses pour qu’elles puissent être toutes également bonnes, et plus d’une nous oblige à exprimer des réserves ; mais les