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par les descendans et par les autres parens. Ceci s’explique par un des traits distinctifs de la législation successorale japonaise, qui voit avant tout dans l’héritier le nouveau chef de famille chargé de conserver le culte et les souvenirs des ancêtres. Le fait de n’avoir pas d’enfans est considéré comme un malheur et rend l’adoption très fréquente. L’adopté reste alors héritier des biens dans sa famille naturelle et, succédant à « un chef de maison » par suite de l’adoption, hérite des documens de la lignée, des tombeaux, des objets de fête, tels que l’ihaï, symbole de l’âme des aïeux. Il est également chargé de venir en aide aux membres de la famille nécessiteux. Dès lors, il est logique de ne pas le considérer comme un étranger à qui survient un accroissement de fortune inattendu que le fisc cherche à amputer dans la plus large mesure possible. Cette préoccupation est tellement celle du législateur japonais qu’il exempte de tout droit la « succession à la maison » quand elle est inférieure à 1000 yen ; tandis que l’exemption des droits pour la simple succession aux biens ne s’étend qu’aux héritages inférieurs à 500 yen.

D’ailleurs, cette législation ne remonte qu’à 1905 et n’a été créée que pour subvenir aux besoins de la guerre. Une fois les dettes amorties, il est possible que les droits soient réduits. De toute manière, on voit combien l’idée de la famille et de la nécessité de la perpétuer est présente à l’esprit des Japonais. Nous ajouterons qu’une nation qui a su réduire son budget de 1909 à un chiffre inférieur de près de 100 millions de yen (258 millions de francs) à celui de 1908, qui amortit avec persévérance sa dette publique, pour le remboursement de laquelle elle inscrit un crédit annuel d’au moins 50 millions de yen, et qui annonce sa ferme intention de faire disparaître en trente ans tout le fardeau que lui a légué la dernière guerre, a le droit plus qu’une autre d’édicter une législation sévère en matière fiscale. C’est à l’énergie d’un soldat, du maréchal Katsura, ancien ministre de la Guerre, aujourd’hui ministre des Finances et président du Conseil, que la double tâche de réaliser des économies sur les dépenses militaires et de faire rapidement disparaître la dette, a été confiée. Si en Fiance les taxes nouvelles servaient à commencer l’amortissement de notre monstrueuse dette, nous serions peut-être moins sévères dans nos critiques : nous n’avons malheureusement pas cette consolation.

Nos voisins d’Italie ont du moins celle de voir, depuis de