Page:Revue des Deux Mondes - 1910 - tome 57.djvu/805

Cette page a été validée par deux contributeurs.

UNE
CONFÉDÉRATION BALKANIQUE
EST-ELLE POSSIBLE ?

Ferdinand Ier, roi des Bulgares, et le roi de Serbie, Pierre Karageorgevitch, viennent l’un et l’autre, à quelques jours d’intervalle[1], de rendre visite au tsar Nicolas à Péterhof et au sultan Mehemed V à Dolma-Bagtché. Pétersbourg et Constantinople étaient, naguère encore, les deux pôles entre lesquels oscillaient les destinées du peuple serbe et celles du peuple bulgare ; de l’un rayonnait une protection libératrice, de l’autre le souvenir et la terreur de cinq siècles d’oppression. La présence des deux souverains dans la capitale des tsars et dans celle des khalifes a été interprétée, par la diplomatie et par la presse européenne comme le signe d’un apaisement général dans la péninsule des Balkans et comme l’heureux prodrome d’une ère d’harmonie et de confiance réciproque. À la vérité, les deux rois ont été chercher, sur la Néva et sur le Bosphore, l’un l’admission définitive de sa dynastie dans la famille des souverains, l’autre la consécration de son nouveau titre royal. Ce n’en est pas moins à bon droit que les peuples, avides de tranquillité, ont vu dans ces visites princières un gage de concorde. La presse a cru y découvrir autre chose encore : une première tentative

  1. Le roi Ferdinand à Pétersbourg : 23 février-3 mars 1910 — le roi Ferdinand à Constantinople : 21-28 mars 1910. — Le roi Pierre à Pétersbourg et en Russie : 21 mars-1er avril ; — le roi Pierre rencontre le roi Ferdinand à Philippopoli : 2 avril — le roi Pierre séjourne à Constantinople : 3-8 avril.