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reste une inclination, une attirance, et même une nécessité « françaises. » Il ne peut oublier Paris. Sa politique, invinciblement tournée de ce côté, subit encore l’attraction.

Mais, en revanche, elle pèse sur Paris, en raison de la proximité, de la puissance et de sa modération même. Ses chances sont dans l’arrangement et dans la « combinaison, » plus que dans la violence absolue et dans les armes. C’est en cela qu’elle diffère de la politique anglaise, nécessairement militaire et conquérante. Il y a là un point où les deux alliés se sépareront, et c’est à pressentir et à saisir ce joint que s’épuisera l’habileté des ministres de Charles VII.


La maison de Bourgogne, française par ses origines, française par son objectif, française par ses procédures, devait nécessairement trouver des adhésions et des concours en France. Elle les trouvait, en effet, et jusque dans l’entourage le plus intime de Charles VII. La ligne de démarcation existait à peine ; par des communications incessantes et des transitions insensibles, le contact était gardé.

Une seule personnalité était, par sa situation, nécessairement, fatalement, opposée, quand même, à l’alliance anglo-bourguignonne : c’était le dauphin Charles. Lui était, par essence, intransigeant. Il ne pouvait entrer à composition, parce que la souveraineté ne se divise pas : elle se garde ou se perd.

Tiraillé entre les partis qui s’agitaient autour de lui, le jeune Roi, faible et dénué de tout, était presque sans choix parce qu’il était sans ressources. Le dernier avait raison, parce que le plus proche était le plus dangereux.

Ainsi s’expliquent les longs silences de Charles VII, son indolence voulue, les demi-sommeils où il s’attardait. Une telle disposition est la suite de la pénurie et du découragement, puisqu’il garde, incontestablement, ses facultés d’intelligence et d’observation. Sa volonté seule est en échec. Pris entre la conquête anglaise et la pénétration bourguignonne, il surveille et il attend.


Faisons le tour de cette Cour réduite au minimum et acculée aux expédiens.

D’abord, les vieux Armagnacs. Le parti, dispersé et décapité depuis la mort du connétable, n’avait guère d’autres