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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




Au moment où paraîtra cette chronique, le Parlement entrera en session, et l’attention se portera beaucoup moins sur la quinzaine close que sur celle qui s’ouvrira. Que sera, que fera la nouvelle Chambre ? Dans quel sens le gouvernement cherchera-t-il à s’orienter ? Aura-t-il une politique ? L’exposera-t-il sans ambages ? S’engagera-t-il avec toutes ses forces pour la faire prévaloir ? A toutes ces questions les faits apporteront bientôt une réponse ; mais il est dans notre caractère national d’être impatient, et chacun cherche à éclairer les obscurités de l’avenir avec une lanterne plus ou moins sûre. Le gouvernement a tout l’air de faire comme les simples citoyens. Une note officieuse, publiée dans les journaux, annonce sur un ton très ferme qu’il aura une politique, mais elle n’explique pas laquelle, et on se rappelle involontairement le cas de cet homme politique dont on disait qu’il ne savait pas encore ce qu’il voulait, mais qu’il le voulait déjà très énergiquement.

En attendant d’être mieux fixés sur les volontés du gouvernement, rendons justice à son esprit de méthode. Il a commencé par éclairer sa propre lanterne, et du même coup la nôtre : il a publié la statistique des diverses opinions qui se sont manifestées au cours des élections dernières et que le succès a consacrées. Tant de voix pour telle réforme, tant de voix pour telle autre : il a suffi pour les compter de se reporter aux programmes des candidats élus. Sans doute le procédé n’est pas infaillible ; sa légitimité pourrait même, à quelques égards, être contestée, puisque nos lois ne reconnaissent pas le mandat impératif et que le député n’est pas définitivement engagé par les promesses du candidat. Il faut bien admettre que la discussion serve à quelque chose, et à quoi pourrait-elle servir sinon à modifier des opinions trop légèrement énoncées ? Mais ces modifications ne