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« Nous ne terminerons pas nos travaux, nos très chers frères, sans vous rappeler un devoir bien cher à la religion et à la patrie, mais bien négligé de nos jours : il s’agit de l’éducation. À ce seul mot, que de souvenirs déchirans s’élèvent dans vos âmes ! Qu’avez-vous vu ? Que voyez-vous ? Vous vous sentez sans doute portés à comparer l’éducation qu’a reçue la génération encore existante, que vous avez reçue vous-mêmes pour la plupart, avec celle que reçoivent vos enfans, cette autre portion de vous-mêmes qui va former une autre génération. D’un côté, les ressources en tout genre, les nombreux établissemens que vous présentait la société pour former vos esprits et vos cœurs ; de l’autre, un dénuement, un défaut presque absolu de moyens, où vous a réduits un vandalisme destructeur. Autrefois, les attentions, portées au scrupule, pour écarter de la jeunesse ce qui pouvait ternir son innocence et lui faire naître même l’idée du mal. Autrefois, des exemples fréquens, des modèles publics et domestiques propres à inspirer la vertu et cette retenue si belle, si imposante pour le premier âge. Aujourd’hui, des scandales communs et publics, une licence portée à son comble, un mépris presque universel des décences et de la modestie. »

Après avoir ensuite constaté les ravages causés ou par le manque absolu d’instruction ou par l’instruction que donnent des professeurs « de libertinage et d’impiété, » les évêques cherchent un remède à de si grands maux, et ils insistent sur la nécessité d’une éducation chrétienne. Ils montrent un peu longuement, non sans recourir aux procédés d’une assez mauvaise rhétorique, les bons effets d’une excellente éducation et les funestes conséquences d’une éducation mauvaise, et prouvent que « la source du mal, c’est le défaut d’éducation… »

« Vous gémissez sans doute, ajoute le Concile, sur les désordres qu’a entraînés notre Révolution ; voulez-vous y apporter remède autant qu’il est en vous ? Elevez de bons citoyens à notre République naissante ; c’est tout ce que vous pouvez faire de mieux pour réparer les plaies multipliées qu’elle a reçues… Si déjà de nos jours nous voyons si peu de sujets capables d’occuper les places, si peu qui réunissent les talens à la probité, que sera-ce donc dans quelques années, si l’éducation est négligée, si ceux qui doivent un jour siéger dans les tribunaux ou dans les administrations, ou présider les familles, ne reçoivent point l’éducation ou n’en reçoivent qu’une mauvaise ?