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de l’enseignement. Comme on était alors sous le régime de la séparation vraie, et que le législateur n’avait pas à savoir si tel ou tel citoyen était ou non ministre d’un culte quelconque ; comme d’autre part le clergé ci-devant constitutionnel enseignait une morale républicaine, et faisait de la soumission aux lois un des premiers dogmes de l’enseignement chrétien, il fut possible aux évêques de se concerter et d’agir. La Terreur avait supprimé de fait l’Eglise constitutionnelle, création malheureuse de la Constituante, pierre d’achoppement et de scandale pour beaucoup de catholiques éclairés et sincères ; lorsque la liberté des cultes fut proclamée, tout prêtre français, jureur ou non jureur, assermenté ou réfractaire, put exercer son ministère. La seule condition exigée par le gouvernement était une promesse de soumission aux lois, une acceptation formelle du régime républicain. Si donc il s’était trouvé parmi les évêques de l’ancien régime quelques prélats ralliés à la République, rien ne pouvait les empêcher de relever les autels et de réorganiser le culte. Plusieurs y furent conviés par les assermentés qui les avaient remplacés, et qui leur proposèrent de se retirer devant eux. Mais la plupart des anciens évêques étaient sous le coup des lois draconiennes contre les émigrés, et ceux qui n’étaient pas sortis de France n’étaient guère disposés à reconnaître le gouvernement de la République. Il ne s’en présenta donc pas un seul, ni en 1795, ni sous le Directoire, ni même sous le Consulat avant 1801 ; ils attendirent le Concordat, sauf à déléguer secrètement leurs pouvoirs à d’anciens insermentés qui faisaient la promesse exigée. Mais les ci-devant constitutionnels étaient dans une situation tout autre ; ils avaient adhéré à la République dès le 21 septembre 1792 ; plusieurs d’entre eux avaient été membres de la Législative ; Grégoire et Saurine étaient membres de la Convention. Ils purent donc travailler à reconstituer l’Église de France, non pas sur des bases nouvelles, ce qui eût été impossible, mais conformément à l’organisation de 1790, que le Concordat respectera quelques années plus tard dans ses parties essentielles.

Une circulaire fut rédigée, et on l’imprima sous ce titre : Lettre encyclique de plusieurs évêques de France à leurs frères les autres évêques et aux églises vacantes. C’était une brochure de trente-deux pages, avec une vignette représentant les attributs de l’épiscopat ; elle était éditée chez Le Clère, rue Saint-Martin.