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et ils témoignent d’une si puissante maîtrise, ils ont ouvert à la pensée des avenues si vastes et si profondes dans la sombre forêt de l’Inconnu, qu’il est nécessaire de s’y arrêter un peu.


III. — LES SPECTRES D’ÉTOILES : LEURS VARIATIONS AVEC LA TEMPÉRATURE DE L’ÉTOILE

Chacun sait, depuis l’immortelle découverte de Newton, que la lumière est formée de la superposition de rayons diversement colorés, et qu’un faisceau de lumière blanche, lorsqu’il tombe sur un prisme de verre, en sort étalé et décomposé suivant les couleurs de l’arc-en-ciel en formant ce qu’on appelle un spectre. Or, de même que, dans une partition, l’oreille reconnaît parfaitement, malgré leur superposition, les sons de divers instrumens » de même, dans cette symphonie visuelle qu’est le spectre d’une source lumineuse, nous savons distinguer maintenant la nature et les élémens chimiques de cette source. Frauenhofer, il y a bientôt un siècle, avait remarqué que le spectre du Soleil est sillonné d’un grand nombre de raies noires extrêmement fines, et dont la position est invariable. L’analyse spectrale des astres fut créée du jour où Kirchhoff et Bunsen démontrèrent que l’on peut, au laboratoire, produire le même phénomène en interposant des vapeurs métalliques incandescentes devant une flamme dont on étudie le spectre. Les raies noires qui apparaissent alors dans celui-ci sont bien définies et invariables pour un métal donné et ont dans les diverses couleurs des positions caractéristiques de ce métal.

C’est ainsi qu’on a constaté dans l’atmosphère solaire la présence de la plupart des élémens chimiques que l’on trouve sur la Terre, et parmi beaucoup d’autres métaux, du fer, de l’hydrogène, du calcium, qui paraissent y exister en quantités considérables. Bientôt étendue aux étoiles, cette méthode y montrait des élémens pour la plupart également connus. Ainsi se trouvait affirmée avec éclat l’unité matérielle de l’Univers. Un atome de fer ou d’hydrogène a donc les mêmes propriétés, il émet les mêmes ondes lumineuses, soit qu’il vibre sur la Terre, dans le Soleil, dans Sirius ou dans la plus lointaine étoile de la Voie Lactée.

Les formes dans lesquelles s’est cristallisée la matière sont