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voyons sous nos yeux les effets, avaient lieu il y a plusieurs dizaines de siècles, avant sans doute, que l’humanité eût une histoire. Ce sont des choses aussi lointaines dans le temps que dans l’espace.

Que devient à côté de cela la naïve légende hellène, d’après laquelle la Voie Lactée fut faite de quelques gouttes de lait qu’Hercule enfant laissa tomber jadis du sein de Junon ? Si charmante que soit cette fable, peut-être devons-nous admirer davantage la profondeur et la subtilité de Démocrite qui écrivait il y a vingt-cinq siècles que « la Voie Lactée est composée d’étoiles, mais trop pressées, vu la distance prodigieuse qui les sépare de nous, pour qu’on puisse les discerner une à une. »

Renan un jour, pour contempler plus à son aise les contingences de ce grain de poussière ridicule qu’on appelle la Terre, inventa le point de vue de Sirius. Mais ce point de vue peut paraître, en somme, encore très fortement entaché d’anthropocentrisme, puisque Sirius se trouve, à tout prendre, un de nos plus proches voisins dans cet archipel de l’Infini qu’est la Voie Lactée.


II. — LA TEMPÉRATURE DU SOLEIL

Telle est dans ses grandes lignes ce qu’on peut appeler l’anatomie de l’Univers stellaire. Quant à la physiologie de cet immense organisme, il appartenait à l’Astrophysique, cette jeune et déjà glorieuse sœur de l’ancienne Astronomie, de nous en faire pénétrer les secrets.

De toutes les notions par lesquelles se caractérisent à nos yeux les êtres qui constituent le monde extérieur, la température est peut-être celle qui nous permet le mieux de définir leurs divers états physiques. La température de la matière ne peut pas varier sans que, en général, toutes ses autres propriétés varient parallèlement. La mesure de la température des astres est donc un des problèmes fondamentaux qui se posaient à l’Astrophysique. De sa solution dépendront dans une large mesure nos connaissances sur l’évolution des étoiles et sur celle de la matière.

La sensation plus ou moins intense de froid ou de chaud que nous donne le contact d’un objet, constitue en somme une