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LA FAIBLESSE HUMAINE.

avec une dextérité psychologique presque infaillible ; et, pesant sur les ressorts secrets de leur caractère, il arrivait presque toujours à les convaincre. Il lançait affaires sur affaires. Les « Moteurs d’aviation réunis, » distancés déjà ! Les forêts du Caucase loccupaient, et il allait créer le « Crédit vinicole mondial. » Les sports le distrayaient de son labeur ; il faisait courir, son cheval Théodoric venait de gagner la coupe des sauts d’obstacle.

Maurice remarqua les égards que, malgré sa supériorité. Le Vigreux accordait à Grapennes, Sa façon d’être avec le banquier s’en modifia.

Il ne refusa plus, tout en réservant sa réponse au sujet du Conseil d’administration d’une nouvelle Société, « les Cuivres Thibétains, » de prendre pour 50 000 francs d’actions : elles rapportaient déjà 42 pour 100, lui glissa le loup-cervier à l’oreille, et monteraient encore. Dopsent avait encore dans la bouche le goût de la généreuse fine Champagne. Il se consolait presque de son mécompte avec Ginette. Plus tard, qui sait ?… Souvent femme varie. Et Alice ?… C’est vrai, il ne l’avait pas encore, assez remarquée.

Oubliant sa femme qu’il aimait pourtant, oubliant son fameux programme et se consolant de n’avoir encore pu aboutir à rien, Maurice, rayonnant, rentra au salon, cherchant la vaporeuse robe de tulle noir pailleté. Deux yeux langoureux rencontrèrent les siens, deux yeux insondables. Il s’approcha de Mme  Comeau-Pierres.

Allons, la vie était belle !

Paul Margueritte.


(La troisième partie au prochain numero.)