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LETTRES DE LOUIS-PHILIPPE ET DE TALLEYRAND.

faire pour l’empêcher est difficile et délicat. D’abord, la forteresse de Luxembourg n’en sera pas détachée, quoique cela fût désirable, mais on ne peut guère y songer. Nous causerons de cela ce soir, ce qui, selon moi, ne doit pas vous empêcher d’écrire dès aujourd’hui à M. de Talleyrand, qu’il doit seconder l’acquisition à prix d’argent du duché de Luxembourg, qu’il doit tâcher que la Confédération germanique renonce à ce que l’acquéreur du Duché, quel qu’il soit, devienne membre de la Confédération, qu’il est prévenu que nous nous opposons à ce que le chef du gouvernement Belge soit membre de la Confédération, soit pour la Belgique, soit pour aucun autre Etat, que nous ne nous opposons pas, quoique nous voudrions que cela ne fût pas, à ce que la forteresse de Luxembourg reste dans l’état où l’ont placée les traités précédens, et enfin que, s’il faut une indemnité à la Confédération pour le pays du Luxembourg, M. de Talleyrand doit à cet égard s’efforcer que ce soit aussi une indemnité pécuniaire, sans aucune accession territoriale quelconque au territoire de la Confédération germanique. Il ne faut pas oublier que l’addition du Luxembourg à ce territoire a été faite en 1814 comme un don gratuit à la Confédération, sans aucun échange ni rétrocession, puisque le Duché de Nassau cédé par le Roi Guillaume au Roi de Prusse et dont il a été indemnisé par le Luxembourg, faisait déjà partie du territoire fédéral, tandis que le Luxembourg y a été ajouté uniquement pour que le Roi des Pays-Bas continuât à en être membre et à avoir son vote à la Diète.

À ce soir à six heures. — L. P.


Ce jeudi soir, 12 mai 1831.

Les dépêches que je vous renvoyé me font faire des réflexions assés tristes ; surtout celles relatives à la Belgique dont l’état réel me paraît mal compris à Londres. Je crains que tout cela ne se barbouille, mais, puisque nous nous verrons demain, je ne perdrai pas mon sommeil à vous écrire ce soir, et je vais me coucher.

Bonne nuit. — L. P.


Saint-Cloud, ce vendredi 27 mai 1831.

Je vous renvoyé, mon cher Général, celles de vos dépêches que j’ai déjà lues. Deux points me frappent, l’un la mauvaise