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une large mesure des récoltes ; la plus grande partie de ces contributions est payée par la population rurale sous forme d’impôt foncier sur la propriété non bâtie, d’agnam (impôt sur les moutons), de prestations, de dîmes : des centimes additionnels sont perçus au titre de la Banque agricole et de l’Instruction publique. Quant aux impôts de consommation, le gouvernement se trouve en présence de difficultés spéciales qui résultent d’arrangemens plus ou moins anciens avec les puissances étrangères, connus sous le nom de capitulations. Déjà le protocole signé avec l’Autriche-Hongrie, à la suite de l’annexion par celle-ci de la Bosnie et de l’Herzégovine, prévoyait l’élévation des droits de douane, l’établissement de monopoles ou l’élévation des taxes sur le pétrole et les alcools, la suppression des offices postaux étrangers. Des négociations ont été engagées, au cours de l’été 1909, pour obtenir l’assentiment de la France, de l’Angleterre, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Russie à une majoration de 4 pour 100 du tarif douanier ad valorem, qui serait porté de 11 à 15 pour 100. Comme le produit actuel des douanes est d’environ 4 millions de livres turques, ce relèvement devra fournir plus d’un million et demi, d’autant plus que M. Crawford, l’Anglais nouvellement placé à la tête de ce service, en a déjà amélioré le fonctionnement et augmenté le rendement. Mais pour 1325 le total des recettes n’avait pu être évalué qu’à 25 millions de livres, ce qui laisse un déficit d’environ 4 millions : aussi a-t-il fallu recourir à un emprunt dont la négociation, au mois de décembre 1909, a été l’événement financier principal de l’année, et dont le produit permettra d’équilibrer le budget.

« Pour la première fois, dit l’exposé des motifs, les représentais élus de la nation sont appelés à autoriser la perception des revenus et à fixer le chiffre des dépenses nécessaires au bon fonctionnement des divers organes qui assurent la vie publique… Après une si longue suite d’années au cours desquelles tout progrès sérieux, aussi bien dans le domaine intellectuel que sur le terrain des intérêts matériels, a été pour ainsi dire suspendu, les besoins de ce pays sont nombreux et pressans. Notre premier souci, en élaborant le présent budget, a été de ne pas accroître les dépenses sans une nécessité impérieuse, car les augmentations se traduisent par une aggravation des charges qui pèsent sur les contribuables. Assurément nous ne méconnaissons pas l’importance des améliorations qui devront être apportées à l’état de