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mode est peu répandu et ne se rencontre guère que dans les villes et le voisinage des bourgs, où les paysans achètent de temps à autre des parcelles du gouvernement. Malgré les systèmes rudimentaires de culture, la Turquie, grâce à la fertilité du sol, produit une grande variété de céréales et de fruits : en 1905, 18 millions de quintaux métriques de blé, 34 millions de quintaux d’orge, de seigle, d’avoine, de maïs. Le Yemen fournit un café apprécié. Les forêts, malheureusement dévastées par les moutons et les chèvres, couvrent près de 10 millions d’hectares. Les provinces de Brousse et d’Ismid récoltent près de 8000 tonnes de cocons de vers à soie. Il existe, surtout en Asie, des gisemens de chrome, de plomb argentifère, de zinc, de manganèse, d’antimoine, de cuivre, de borax ; mais, sauf quelques exceptions, ces exploitations sont encore à l’état rudimentaire et auraient besoin de capitaux et d’ingénieurs pour être développées. Les statistiques commerciales sont très incertaines : on évalue le total des importations et des exportations à 50 millions de livres turques (1 150 millions de francs) environ, se partageant à peu près par moitié entre les unes et les autres.

Les chemins de fer, ici comme partout ailleurs, ont joué et sont appelés à jouer un rôle essentiel. La construction des premières lignes remonte à une quarantaine d’années : elle fut due au baron Maurice de Hirsch, qui comprit de quelle importance était l’établissement d’une voie ferrée mettant Constantinople en communication avec le reste de l’Europe. Nous n’avons pas à rappeler les difficultés financières et politiques contre lesquelles il fallut lutter pour mener cette entreprise à bonne fin et faire circuler des locomotives dans les murs du Vieux Sérail. Nous allons seulement présenter un tableau d’ensemble du réseau actuel qui, avec ses 6 600 kilomètres, représente évidemment peu de chose par rapport à ceux de l’Europe occidentale, mais qui est appelé à se développer sous le nouveau régime. Le tronçon d’origine, connu sous le nom de Chemins de fer orientaux, comprend les lignes de Constantinople à Vakarel, passant par Andrinople, Tirnova et Philippopoli ; Salonique-Mitrovitza, Uskub-Zibeftché, Tirnovo-Yamboli ; la ligne dite de jonction relie Salonique à de léagatch et à l’artère principale ; une autre ligne va de Salonique à Monastir ; le réseau d’Anatolie comprend les lignes de Haidar Pacha-Ismidt-Angora et d’Eskit Chehir-Konia. Les chemins orientaux et anatoliens