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particulier, on a remonté de deux centimètres le minimum de la taille des recrues. Le niveau de l’instruction s’est relevé : la proportion des hommes pourvus de certificats d’études s’est progressivement accrue, de 34 pour 100 en 1903 à 55 pour 100 en 1907. Le chiffre des pertes causées pour incapacité physique, pour mauvaise conduite, etc., suit une marche régulièrement décroissante : de 10 002 en 1904, il est tombé à 5 975 en 1907. Plusieurs officiers nous ont affirmé que l’alcoolisme tend manifestement à décroître. On peut conclure de ces faits que la valeur du soldat s’est sensiblement améliorée, tant au point de vue moral qu’au point de vue physique. Aux manœuvres, le troupier montre non seulement de sérieuses qualités d’endurance, mais aussi de l’initiative et de l’intelligence dans l’art d’utiliser le terrain.

La guerre Sud-Africaine avait aussi montré l’insuffisance tactique des petites unités dont les formations surannées, sans souplesse, extrêmement vulnérables, ne répondaient plus aux nécessités de la guerre moderne. Un gros effort a porté depuis lors sur l’instruction pratique des troupes en terrain varié. Aujourd’hui, près de la moitié de l’armée anglaise réside en permanence dans des camps : celui d’Aldershot, près de Londres, par exemple, est occupé par cinq brigades d’infanterie et une brigade de cavalerie, soit presque le tiers des troupes régulières. Il n’est pas une armée au monde qui ait de pareilles facilités d’instruction en vue de la guerre ; si l’armée anglaise sait profiter de cette situation exceptionnelle, elle doit devenir bientôt la plus manœuvrière de toute l’Europe. On constate déjà maintenant un progrès sensible dans l’instruction tactique des petites unités.

La campagne du Transvaal avait fait non moins ressortir les erreurs du haut commandement qui, n’ayant pas suffisamment étudié et médité l’histoire, notamment celle de la guerre russo-turque, commit exactement les mêmes fautes que les généraux russes à Plewna : insuffisance des services de reconnaissances et de sûreté, oubli du rôle de l’avant-garde, plans de bataille préconçus, manque de fortes réserves et inutilisation des réserves existantes, défaut de liaison entre les différentes armes et entre les diverses attaques, nulle notion ni de l’économie des forces, ni de la concentration des efforts. Après de telles constatations, on est en droit de se demander si jamais l’expérience des uns peut servir aux autres. Pour remédier à l’insuffisance du haut commandement, on donne aux grandes manœuvres, depuis