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Combat spirituel. Au cours d’un tel travail, un jour peut venir où les sacremens romains se révèlent comme étant, eux-mêmes, des élémens de perfectionnement : alors l’autonomie des âmes « évangéliques » est à la veille de s’épanouir en docilité, et du haut de la pente sur laquelle les avaient engagées leurs méthodes « évangéliques » de penser et de vivre, elles aperçoivent, soudainement, sur l’autre versant, cette Rome où tous les chemins conduisent. La marquise Pauline de Castellane, qui chaque semaine correspondait avec Augusta, gardait le secret espoir de l’élever jusqu’à cette vision. La princesse de Sayn Wittgenstein, aussi, paraît l’avoir partagé. Le marquis de Castellane va jusqu’à dire : « Il n’est pas bien sûr que ma mère n’ait pas réussi. » On aurait tort d’épiloguer longuement et de fouiller comme un problème historique la conscience d’Augusta : on dérogerait sans doute, ainsi, à l’esprit même de sa piété, qui n’aspirait point à être si complexe. Assurément elle mourut cinq ans trop tôt : elle aurait aimé cette admirable lettre Praectara, qu’expédiait « aux princes et aux peuples, » d’un beau geste évangélique, le pape Léon XIII.

Grande chrétienne sur le trône d’Allemagne, l’impératrice Augusta, en avril 1871, avait assez de perspicacité politique pour voir s’amasser des nuages sur la tête des catholiques ; elle s’alarmait des incidens de Silésie, des conflits entre le Centre et certains magnats. Le 16 avril, Hohenlohe vint à Berlin, vit l’Empereur ; Augusta, qui savait les haines du prince, lui demanda, avec une sorte d’anxiété, s’il avait parlé des questions religieuses avec Guillaume. Hohenlohe répondit non ; l’Impératrice fut rassurée. « Elle a une perpétuelle frayeur des luttes confessionnelles, notait-il. Elle refuse de voir que les Jésuites ont engagé la lutte et voudraient par surcroît réduire leurs adversaires à la souffrance passive. Ici l’on ne reconnaît pas le danger. » Ainsi le 16 avril, Hohenlohe, quittant la cour de Berlin, déplorait qu’on n’y songeât pas à se brouiller avec l’Eglise : l’espoir que mettait Auguste Reichensperger dans les dispositions de l’Empereur était jusqu’alors justifié.

Mais Foerster, prince-évêque de Breslau, ayant pu approcher certains cercles officiels, éprouvait une moindre sécurité ; et quant aux coulisses du Parlement, l’esprit de secte y faisait rage. « De tous côtés, écrivait Auguste Reichensperger, on bombarde incessamment notre Centre. » — « La rage fanatique,