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entreprises. » « Les ultramontains, s’ils le peuvent, donneront le coup de mort au traité de Versailles, notait Hohenlohe ; alors nous resterons isolés, et les ultramontains ont assez de pouvoir dans le pays pour consommer son isolement et le lui faire accepter. Puis la clique austro-franco-ultramontaine fera son possible pour nous mettre à la discrétion de l’Autriche. »

Il semblait, à entendre Hohenlohe, que la résistance de la Bavière risquait de dérober à la Prusse une partie des fruits de Sadowa. L’affolement devenait tel, parmi les nationaux-libéraux, qu’on s’humiliait jusqu’à prier l’un des membres du Centre prussien, — de ce Centre tant attaqué, — de vouloir bien écrire aux députés catholiques bavarois, pour ébranler leurs résistances : Lasker et Bennigsen mendiaient une lettre de Pierre Reichensperger. Il consentit, et le national-libéral Marquardsen, à Munich, applaudissait à ce message comme à une bonne diversion ; mais Marquardsen, toujours proche du désespoir, aurait voulu que Reichensperger accourût lui-même, en personne. La Chambre des Seigneurs accepta les traités, le 30 décembre ; les évêques eux-mêmes les votèrent ; et le catholique Franckenstein, qui les combattit, trouva peu d’alliés. On redoutait, dans cette sage assemblée, que la Bavière, divorçant d’avec l’Allemagne, ne tombât dans un isolement dont on ne pouvait entrevoir les conséquences ; cette obscurité faisait peur ; et 37 voix contre 3 donnèrent, à demi honteuses, leur assentiment à un mariage forcé. On résistait, en revanche, dans la commission de la seconde Chambre : 12 voix contre 3 chargeaient le catholique Joerg de présenter un rapport concluant au rejet des traités, et invitant Louis II à négocier sur d’autres bases avec la Confédération du Nord. Ainsi fit Joerg ; les nationaux-libéraux dénonçaient dans ses actes la main de l’évêque Senestrey, que son « romanisme » rendait suspect aux champions du « germanisme. »

Le 11 janvier, les débats s’engagèrent, se traînèrent durant onze jours ; et lorsque, le 18, l’Empire fut proclamé à Versailles, la Bavière, insensible aux Hoch, n’avait pas encore achevé d’articuler Ia. Plusieurs orateurs catholiques, surtout des prêtres, firent le procès de la Prusse. « C’est elle, s’écriait le curé Pfahler, qui, en 1815, a empêché la renaissance de l’Empire allemand ; en 1870, elle a entamé une guerre qui dépasse en barbarie tout ce qu’on a vu jusqu’ici… La couronne des Wittelsbach brillait déjà depuis longtemps dans l’Allemagne entière, avant que