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supporté tant de contrariétés que je puis aussi supporter cette petite-là. Je ne sais pas pourquoi tu n’as pas permis que Mme Belvédéra vînt, car elle est riche et c’est une très jolie femme. Tu ne me dis pas non plus si tu as fait venir Medici.

« Je viens de recevoir mon paquet de Paris et pas une lettre de toi, mais Baudus me mande que tu as une lettre de mon fils et tu ne me l’envoies pas. J’aurais eu un grand plaisir à la lire en route.

« J’espère que l’Empereur est content des lettres que je lui écris. Je crains qu’il ne se figure que l’Impératrice est belle, car tous ces jeunes gens qui la voient de loin ont tous dit qu’elle était belle.

« Adieu, je suis triste parce que je suis contrariée de ce que tu n’as pas fait ce que j’ai voulu, mais cela ne m’empêche pas de t’aimer bien tendrement. Si tu avais plus de grâce et que tu cherches plus souvent ce qui peut me faire plaisir, tu serais trop parfait et je serais trop heureuse. Embrasse toute la famille pour moi. »

A Vitry, son humeur est encore plus dolente, car Murat la chicane par lettres et lui adresse des reproches qu’elle juge immérités : « Tu ne cesseras donc jamais d’être injuste… Je t’écris plus que tu ne m’écris… Je serai heureuse lorsque tu cesseras d’être injuste, car tes injustices m’ont toujours fait beaucoup de mal. »

Vitry fut l’avant-dernière étape du voyage. On sait qu’auprès de Soissons l’Empereur vint surprendre Marie-Louise et l’enlever à son escorte pour la conduire à Compiègne où il brusqua le dénouement. La Reine et le maréchal, suivant avec moins de précipitation, rejoignirent le couple impérial à Compiègne d’abord, puis à Saint-Cloud et à Paris, où la célébration du mariage devait s’accomplir ; c’est là que les époux paraîtraient devant leurs peuples dans l’appareil de la toute-puissance.


IV

A Paris, la Reine retrouve Murat ; voici le ménage réuni, mais en cette fin de mars et ce commencement d’avril, il ne s’appartient guère. Tout le temps se passe eu représentation, en cérémonies, sans trêve ni répit ; c’est une succession de