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simplement le fait de l’existence matérielle de cette échelle d’êtres ou d’organismes à travers l’Univers.

Mais il n’y a pas de raison pour que cette échelle s’arrête aux termes énumérés ci-dessus, pas plus à son extrémité inférieure qu’à son sommet.

La cellule, que l’on a si longtemps considérée comme une unité irréductible et comme l’élément vital primordial, ne nous a semblé telle qu’à cause de l’imperfection de nos microscopes. Elle n’est peut-être elle-même qu’une construction fabriquée par des groupes d’êtres nombreux et plus petits qu’elle.

Vers le haut de l’échelle, il n’y a pas de raison pour que la Terre, habitat commun des Animaux et des Plantes, ne soit pas un être, pour qu’au-dessus des animaux, simples ou groupés, on n’ait pas à considérer l’individualité des Mondes, lesquels, eux-mêmes, par rapport à d’autres individualités plus vastes encore, peuvent, malgré leurs dimensions que nous jugeons énormes, n’être que des atomes subordonnés à d’autres existences, et comparables aux globules de notre sang.

Pour nous limiter à la Terre, et même plus particulièrement à la question du Pôle terrestre, qui nous occupe aujourd’hui, nous dirons que, si la Terre est un être vivant, si elle forme un échelon continuant dans l’espace l’échelle des organismes soumis soit à la grande loi de l’Animisme polyzoïque, soit, si on le préfère, à la loi plus simple et plus brutale du Dynamisme organiciste, il n’y aurait nulle invraisemblance à supposer qu’au Pôle se trouve un organe quelconque, servant soit à sa direction, soit à sa nutrition, soit à sa circulation interne, soit à toute autre fin.

Et dans ce cas, — remarquons-le en passant, — la banquise polaire, si infranchissable pour nous, pourrait être un appareil de défense destiné à protéger cet organe délicat ou important contre l’invasion des êtres animés qui habitent la surface du globe. Elle aurait un rôle fonctionnel.

En somme, avant d’avoir atteint le Pôle, il n’y avait aucune absurdité à supposer qu’il pouvait s’y trouver un organe spécial, ou, tout au moins, un détail de structure remarquable, ayant un rôle inconnu. Il se peut qu’il n’y ait rien. Mais, même si l’on n’observe rien à la surface, il faudra encore s’assurer qu’il n’existe aucune particularité spéciale, dissimulée sous la profondeur des mers et sous la calotte de glace