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mandé qu’on ne le communiquerait pas. Je crois qu’il faut protester que nous ne nous reconnaissons pas le droit de régler les frontières entre la Belgique et la Hollande sans l’intervention et la signature des Plénipotentiaires Belges et Hollandais. Si vous avez des doutes, venez m’en parler. Moi je n’en ai pas le moindre.


Ce mardi matin 1er février 1831.

Je vous remets votre minute, mon cher général, et je trouve la dépêche parfaite, mais je ne puis acquiescer à la non-publication de la non-ratification, lorsque l’un des protocoles est déjà public et que l’autre va l’être.

Je pense d’abord que vous devez charger M. de Talleyrand de notifier à la Conférence et de faire inscrire au procès-verbal de ses séances que la France n’entend pas ratifier les deux parties de ces protocoles relatives à la fixation définitive des frontières respectives de la Hollande et de la Belgique, non plus que la fixation des portions de la dette du Royaume des Pays-Bas afférentes à chacun des deux Etats Belge et Hollandais. Je voudrais que cette dépêche partît aujourd’hui…

Il n’en est pas de même sans doute de la publication dans le Moniteur de cette protestation, car il faut que votre dépêche en soit une positive, puisque vous la croyez contraire aux usages de la diplomatie, mais il est pourtant indispensable qu’elle soit connue pour notre conscience politique et notre justification devant le tribunal de l’opinion publique qui est avec raison sévère sur ce point. Je penserais donc que vous devriez écrire une dépêche confidentielle sur ce point à M. Bresson dont il communiquerait la substance vivace, c’est-à-dire qu’il la ferait lire (c’est le moins) au gouvernement provisoire à Bruxelles, et le reste ira tout seul, car les journaux apprendront bientôt partout que nous avons protesté contre ces deux actes auxquels il serait honteux et funeste pour nous d’avoir adhéré. Ce désaveu non-officiel quant à la publication, mais secrètement réel, est peut-être suffisant, et je vous avoue que c’est le minimum de ce dont je peux me contenter. Je ne serai tranquille que quand je le saurai fait. J’ai pris copie de votre dépêche qui est excellente et que je vous renvoie.