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j’apprends que le prince de Castelcicala expédie demain un courrier à Nap les, et qu’il me paraît nécessaire de lui parler de l’état des choses pour le prince Charles. Cependant je suis toujours bien aise de vous entendre auparavant. Mais si vous voyez comme moi, répondez-moi un mot tout de suite pour que je l’envoie chercher. Ce refus présumé de la Bavière pourrait faire une mauvaise planche pour Naples, et il faut en prévenir l’effet. Je pourrai faire écrire moi-même avec mesure…


Lundi 24 janvier 1831, à 11 heures et demie du matin.

Plus je cherche à calculer les divers embranchemens que présente la nouvelle complication du Protocole de Londres avec l’état des choses et des esprits à Paris et à Bruxelles, plus ma tête s’encombre, et moins je vois clairement quelle est la meilleure marche à suivre, d’autant plus qu’il ne faut pas perdre de vue la noie d’hier.

J’incline pourtant à reconnaître la nécessité, pour arrêter les intrigues, pour prévenir les incidens que la malveillance et les divers partis peuvent nous susciter, de faire en sorte que le Congrès fasse sans délai le choix du prince de Naples, et se sépare aussitôt après avoir organisé une Régence provisoire. Mais que d’embarras cela ne présente-t-il pas ? Quelle fusée cela ne fera-t-il pas ? Que fera la Conférence au milieu de tout cela ? Je m’y perds en réfléchissant seul, et j’ai besoin que vous veniez encore en causer avec moi avant d’expédier. La marche à tracer à nos agens est aussi difficile à déterminer qu’embarrassante à, leur faire comprendre, ou plutôt que délicate à leur confier, car je ne vois pas de possibilité d’éviter de leur laisser une grande latitude, et c’est à la fois pénible et dangereux. Je vous attends.


Jeudi matin 10 heures et demie, 27 janvier 1831.

Bon courage, mon cher général, avec votre discours et une improvisation telle que celle que vous avez faite hier dans le Conseil, j’anticipe un plein succès pour vous. Je n’ai pas besoin de vous dire que je vous le souhaite de tout mon cœur.

Je ne crois pas voir M. Laffitte ce matin ; si je le voyais, je m’efforcerais de lui faire dire ce que vous désirez avec raison