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passer en Angleterre. Cet avis a, sur-le-champ, été communiqué sur la ligne.

« Le préfet de l’Isère s’est procuré des renseignemens sur les généraux Chabert, Brun, La Salcette, l’adjudant commandant De Belle (frère du général), le chef de bataillon Roy, etc., retirés dans son département et sur quelques autres moins importans. Tous sont tranquilles et très réservés. La surveillance des rives du Rhône et des montagnes se continue. On n’a avis d’aucun rassemblement. »


« Lors du procès du maréchal Ney, le général commandant le département du Tarn proposa au préfet de faire arrêter M. le maréchal Soult. Ce fonctionnaire s’y refusa, attendu que le maréchal, d’après l’article 2 de l’ordonnance du 24 juillet, devait seulement être placé en surveillance spéciale. Le ministre ne put qu’approuver cette mesure, en laissant néanmoins au préfet la liberté de prendre telle mesure de haute police que la conduite du maréchal lui paraîtrait exiger.

« Aujourd’hui le sieur Descach, commandant la Garde nationale de Barre, qui fit arrêter le maréchal Soult, lorsqu’il se rendit à Saint-Amand avec des passeports qui n’étaient pas en règle, s’est présenté chez le préfet et lui a déclaré qu’à cette époque, et dans une discussion relative à son arrestation, le maréchal lui avait répondu avec humeur : Savez-vous que tout n’est pas fini, que vous vous exposez à être envoyé devant un Tribunal criminel, et que je ferai raser votre maison jusqu’à la plus basse pierre ? Propos qui fut répété par son aide de camp.

« Le préfet a ordonné une enquête administrative à ce sujet et, de son côté, le procureur du Roi, instruit du fait, a requis le sieur Descach d’en faire sa déclaration, ce qui donne à cet incident une publicité qu’il eût été peut-être plus convenable d’éviter.

« Quoi qu’il en soit, les promenades à cheval que le maréchal fait tous les jours dans ses terres, étant regardées comme des essais d’évasion, le préfet a cru devoir le soumettre à une surveillance plus directe. En conséquence, il a ordonné que, tous les matins, le maire de sa commune lui ferait présenter un registre sur lequel il donnerait par écrit l’indication des lieux où il veut aller dans la journée. De plus, il a été adjoint à la brigade de Saint-Amand un gendarme de confiance, chargé