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dans un discours qu’il a prononcé récemment à la Chambre à propos de ce qui reste du budget des Cultes, s’est félicité d’avoir maintenu les églises ouvertes, et a donné l’assurance qu’elles le resteraient. Le gouvernement évitera avec le plus grand soin toutes les apparences de la persécution. Mais, pour ce qui est de la liberté de renseignement, c’est autre chose. Il y a, dans le parti radical une poussée très vigoureuse contre cette liberté ; la défense de l’école laïque sert aujourd’hui de prétexte à un mouvement agressif qui sera porté sur le terrain électoral aussi loin que possible et qui, s’il est suivi d’un certain succès, se prolongera sur le terrain parlementaire avec un surcroît d’énergie. Les catholiques doivent tourner de ce côté leur principale préoccupation.

L’erreur de quelques-uns d’entre eux est de vouloir faire entrer dans les programmes électoraux de demain l’ouverture de négociations avec le Pape, la restitution des biens qui leur ont été enlevés, etc. Nous n’en sommes pas là, et, à supposer que l’avenir soit plus favorable, nous n’y arriverons pas d’un seul bond. Que les catholiques s’appliquent aujourd’hui à conserver les libertés qui leur restent et à les développer peu à peu. Avant tout, il faut vivre : primo vivere. Le reste appartient à un avenir encore indéterminé.


La chute du ministère Giolitti, en Italie, n’a pas été précisément une surprise. Depuis quelque temps déjà, on le savait ébranlé, et on se doutait que M. Giolitti aimerait mieux s’en aller spontanément, que d’attendre un vote formel de la Chambre contre lui. Il a gouverné pendant trois ans ; il a fait les élections dernières ; dans ces conditions, un ministère s’use toujours un peu. M. Giolitti est un trop fin manœuvrier parlementaire pour ne l’avoir pas reconnu. Il a senti s’opérer autour de lui la raréfaction des moyens de gouvernement, et il a pensé que le moment était venu pour l’habile homme qu’il est de prendre un peu de repos dans la retraite, ou peut-être seulement d’y reprendre des forces. Il a donné sa démission.

La nomination d’une Commission défavorable à ses projets financiers lui a servi de prétexte. Un ministre, chez nous, ne s’en irait pas sur une simple indication de ce genre, et, s’il en était autrement, les crises ministérielles y seraient beaucoup plus fréquentes qu’elles ne le sont. Il arrive souvent, en effet, qu’à la Chambre ou au Sénat, unie Commission soit élue avec une majorité contraire à un projet du gouvernement ; mais on discute, on cause, on se fait des concessions mutuelles, les choses s’arrangent à la longue, et si elles ne s’arrangent