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REVUE DRAMATIQUE


COMEDIE-FRANÇAISE : Sire, comédie en cinq actes, par M. Henri Lavedan. — ODEON : Comme les feuilles, comédie en quatre actes de G. Giacosa, traduit de l’italien par Mlle Darsenne.


Dans ses dernières pièces, M. Henri Lavedan avait témoigné de belles ambitions et il les avait en grande partie réalisées. Le Marquis de Priola est une étude de caractère des plus remarquables. Le Duel est un noble conflit d’idées. Nul doute que M. Lavedan ne revienne prochainement à un genre qui lui a valu les succès les plus honorables de sa carrière. En attendant, il n’a voulu, cette fois, que nous donner une comédie agréable et divertissante. Sire est, comme on dit pour les œuvres moindres que les peintres envoient au Salon, une carte de visite. Je me hâte de constater que la pièce a brillamment réussi, qu’elle plaît, qu’elle émeut, qu’elle amuse, et même que le second acte y est un long éclat de rire. Cela dit, je serai plus libre pour présenter, au cours de mon analyse, quelques remarques ou quelques réserves intéressant la littérature.

M. Lavedan a tiré sa pièce d’un roman qu’il avait écrit voilà déjà plusieurs années. Je ne prétends nullement poser en principe qu’on ne doive jamais faire passer un roman à la scène. Le Divorce de MM. Paul Bourget et Cury était tiré d’un roman, et c’est un des chefs-d’œuvre du théâtre récent. Mais il ne s’ensuit pas non plus que tout roman distingué puisse devenir une pièce de théâtre. Je me suis bien gardé de relire le roman de M. Lavedan ; cela nous est défendu : les auteurs veulent que nous arrivions devant leur œuvre théâtrale l’esprit net et sans nous embarrasser d’un constant parallèle entre le livre et la comédie qui en est sortie. Ils ont raison. Seulement, nous ne pouvons supprimer de notre mémoire jusqu’aux traces qu’y a laissées une