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Combien de beaux espoirs, de douleurs magnanimes,
D’héroïques amours, de souvenirs joyeux
Sont enfouis dans leurs insondables abîmes,
Spectres muets, mystérieux,
Attendant un rayon des cieux !

Que ne sais-je le chant qui dissipe les ombres
Pour voir s’illuminer en vous chaque repli
Sous la clarté divine, âmes riches et sombres,
O cœurs fermés où dans l’oubli
Un trésor est enseveli !


L’EAU VIVE


J’ai découvert sur les sommets, dans la bruyère
Et l’herbe, l’eau qui chante, intarissable, et luit ;
Je l’ai prise, contrainte à traverser la nuit,
Et j’entendais gronder sa force prisonnière.

Maintenant, au sortir de l’aqueduc de pierre,
Elle jaillit limpide avec un joyeux bruit
Sur la route qui loin de la montagne fuit,
Sur le sol altéré qui s’effrite en poussière.

Ainsi fait le poète : il va par les hauteurs
Conquérir le trésor que Dieu donne aux chanteurs ;
Il y trouve l’idée errante, il la captive.

O voyageur, bénis en buvant dans ta main
Celui dont le labeur capta la source vive
Qui brille fraîche et claire au soleil du chemin.


MÉTAMORPHOSES


Amoureuse Biblis qui te fondis en pleurs,
Voici les premières chaleurs,
Et près de ta source, je rêve :
La brise dans les pins murmure un nouveau chant,
L’or du couchant
Luit sur la grève.