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REVUE MUSICALE


THEATRE DE L’OPERA-COMIQUE : Chiquito, scènes de la vie basque en quatre tableaux ; paroles de M. Henri Cain, musique de M. Jean Nouguès. — THEATRE DE L’OPERA : l’Or du Rhin, de Richard Wagner. — Charles Bordes.


Rien n’est plus près d’un chef-d’œuvre que le livret de Chiquito. L’auteur aurait aussi bien fait, peut-être mieux, de l’appeler : En marge de Ramuntcho. Du commencement à la fin, le drame côtoie le roman célèbre, et voisine, ou communique, avec lui. L’action se passe aux mêmes lieux, elle a même sujet. Les personnages sont de condition pareille. Quelques variantes, pas plus que le grossissement du théâtre, ne suffisent à rompre une constante analogie. Ici, le nom de la jeune fille, Pantchika, diffère peu, si j’ai bonne mémoire, de celui que portait là-bas la mère du jeune homme. Sa mère, à elle, a conservé, dans le livret, le caractère détestable que, dans le livre, elle montrait déjà. Le frère, de favorable qu’il était aux amours de sa sœur, leur est devenu furieusement, et jusqu’au crime, contraire. Le dénouement enfin, mortel et non plus monastique seulement, ne s’en produit pas moins dans le couvent aux blanches murailles, parmi les religieuses aux voiles blancs. Ainsi les changemens, encore une fois, ne sont, ou peu s’en faut, que des échanges. Pourtant, nous ne voulons parler ni de pastiche, ni de contrefaçon, ni, bien que nous soyons en pays frontière, de contrebande. L’homme de théâtre, que Pierre Loti ne sait ou ne daigne pas être, et l’écrivain qu’est M. Cain se révèle ici ; bien plus, n’étant point un débutant, il s’y reconnaît tout de suite et toujours.

Premier tableau. Paysage basque, non loin de Saint-Jean-de-Luz : une lande inégale, semée d’arbres trapus, à la tête coupée, aux grands