Page:Revue des Deux Mondes - 1909 - tome 54.djvu/681

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Ils développent une vie allemande intensive, possédant des écoles en langue allemande, où l’instituteur allemand, soutenu par le Schulverein, célèbre les offices les jours de fête. Dans les maisons de style saxon où les ustensiles mêmes viennent de Berlin et de Dantzick sur les bateaux de transports prussiens de la Vistule, s’érigent les portraits de l’Empereur, de l’Impératrice et des princes allemands. On leur facilite les voyages vers la Sprée, on leur envoie des journaux prussiens, qui attisent leur ferveur combative. Ils entretiennent des théâtres, tels que celui de Lodz, beaucoup plus prospère que le théâtre polonais, grâce aux subventions. Cette seule ville a trois publications allemandes, dont deux quotidiennes.

Les journalistes russes ont révélé à quel point ils étaient l’objet de la sollicitude pangermaniste, notamment des deux associations Gustav Adolph Verein et Allgemeiner Deutscher Schulverein zur Erhaltung des Deutschthums im Auslande. Sous cette action, toute une troupe d’associations hakatistes a surgi à Lodz ; elles réclament pour leurs concitoyens la plus grande partie des écoles au détriment des Slaves, bien que les Allemands forment seulement le quart de la population, et aient élevé un lycée national : « Nous nous adressons, dit la circulaire, à toutes les fabriques et à toutes les firmes de la patrie allemande, pour obtenir leur concours, qui apportera aussi un grand profit à l’industrie de l’Empire allemand, puisque cet établissement scolaire est destiné à servir exclusivement la culture allemande et le développement économique allemand. » En plein territoire russe fut fondée l’« Union de propagande allemande en Pologne russe » sur l’appel du pasteur Pulsa, « prédicateur de la circonscription militaire de Varsovie. » L’organe des hakatistes silésiens, Schlesische Zeitung, a pu se féliciter de ce que les sociétés purement tudesques se multipliaient à Lodz : 8 chorales, 4 gymnastiques, 3 vélocipédiques, Union des commerçans allemands, Union professionnelle allemande de l’industrie textile, Union des ouvriers et patrons allemands qui a introduit la répartition des caisses scolaires d’après les nationalités, grande union scolaire, société de secours pour les Allemands de la Confédération, en tout une trentaine d’associations auxquelles l’Empereur fait envoyer par le consul général « une collection de chants populaires allemands pour les chœurs d’hommes, collection éditée sur la recommandation de Sa Majesté