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pris la ferme résolution de ne pas agir contre lui en se mettant à la tête d’un parti pour le détrôner ; mais qu’à l’égard des princes, sa complaisance n’irait pas si loin ; qu’ils ne pouvaient espérer de jamais régner, que c’est avec peine que leur présence est tolérée, que si le Roi cessait de régner, c’est-à-dire qu’il fût détrôné ou terminât sa carrière, il saisirait sûrement l’occasion qui se présenterait ; que, dans l’intervalle, il se trouvait très bien à sa place et qu’il saurait se tenir à l’écart du danger.

« Il a dit qu’on lui avait demandé quel conseil il pourrait donner au Roi dans les conjonctures présentes et s’il voudrait se mettre à la tête d’un parti pour le soutenir sur le trône ; qu’à la dernière de ces questions il avait répondu qu’il ne voudrait point se mettre à la tête d’un parti pour la cause du Roi. parce qu’il serait certain d’être sacrifié s’il le faisait ; qu’à l’égard des conseils qu’il aurait à donner, ils seraient de défaire tout ce qu’il avait fait, d’agir dans un sens tout à fait opposé à celui qui avait dirigé sa conduite jusqu’à ce jour, de renvoyer ses ministres et tous ses alentours, d’exiler les princes et surtout la Duchesse d’Angoulême assez loin de la Cour pour ne pas laisser entretenir le moindre soupçon de leur influence ; mais qu’il conseillerait au Roi sur toute chose d’adopter la cocarde tricolore ; qu’il pensait que si le Roi prenait ce parti, il ne lui resterait plus (à lui Duc d’Orléans) aucun espoir d’arriver au trône, pas plus qu’à tout autre prétendant, que les Français étaient entichés de la cocarde tricolore et qu’ils soutiendraient la cause de quiconque la leur rendrait ; que cette mesure rendrait Louis XVIII vraiment roi de France, qu’elle lui concilierait tous les partis et qu’alors il pourrait mettre toute sa confiance dans la vieille armée française. qui se battrait pour sa cause contre l’univers entier et verserait jusqu’à la dernière goutte de son sang pour lui ; que si donc un danger pressant pour le royaume ou une heureuse inspiration des conseils du Roi venaient à rétablir la cocarde, ni lui (le Duc d’Orléans), ni personne ne pourrait entretenir le moindre espoir de succès ; que les princes eux-mêmes y trouveraient leur sauvegarde, tant il considérait ces couleurs comme le signe de ralliement de toute la nation ; qu’après cet objet viendraient des ministres responsables et une constitution établie sur des bases solides et libérales, que, tôt ou tard, le peuple obtiendrait et que, par politique, il vaudrait mieux lui accorder de bonne heure. »

D’après le rapport auquel sont empruntées ces citations, le