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rencontrées, l’abondance des sources et surtout des sources d’eau chaude, la température qui est montée au front des chantiers jusqu’à 54°, ont causé de grandes et coûteuses difficultés ; le premier forfait a dû être augmenté d’une dizaine de millions. Aujourd’hui, l’œuvre est achevée, les trains circulent de Paris à Milan, remontant la vallée du Rhône et franchissant ce souterrain qui, avec ses 20 kilomètres de longueur (exactement 19 730 mètres) et sa faible altitude maximum (705 mètres au-dessus du niveau de la mer), constitue le plus long et le plus bas des grands tunnels des Alpes, de l’Europe et du Monde.

Le tunnel du Simplon a l’une de ses entrées sur territoire suisse et l’autre sur territoire italien ; il est bien certain que la Suisse a dû régler avec l’Italie diverses questions techniques et administratives ; cette réserve faite, on peut dire que le Simplon ne pose pas de gros problème international ; il est, de par ses origines politiques et financières, beaucoup moins international que le tunnel du Gothard dont les deux ouvertures sont pourtant en Suisse.

Par ses voies d’accès, au contraire, le Simplon est une grave affaire internationale. En avant des Alpes se dressent les plis et les plateaux du Jura : le Jura, malgré ses altitudes beaucoup moindres, est presque plus rebelle à qui le veut traverser que le système alpin. Comme la loi d’acheminement des marchandises est entre les divers pays la loi brutale de la plus courte distance, et que c’est par-là surtout que toutes les grandes lignes internationales doivent entrer en concurrence et en lutte, tous les initiateurs et protecteurs de la ligne du Simplon devaient pousser leurs ambitions à faire améliorer et abréger les voies transjurassiennes, c’est-à-dire les avenues françaises du Simplon. Il y eut de longs débats, d’interminables querelles, des séries de négociations entamées et rompues : nous n’en parlerons pas, de peur de ranimer, sans le vouloir, des disputes qui doivent aujourd’hui s’évanouir, puisque le traité de paix est signé, — la paix du Simplon.

L’ambassadeur de la République française à Berne, le comte d’Aunay, par son esprit conciliant, et grâce à son désir de donner quelque satisfaction à tous les groupes opposés d’intérêts, est d’abord parvenu à faire adopter par les deux gouvernemens français et suisse, un protocole préliminaire en vue d’une conférence internationale. Une plume avisée avait inscrit au