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monde a remarqué que, au lieu de traverser l’Autriche, ce qui aurait été le chemin le plus court, il a contourné soigneusement son territoire et a pris le chemin le plus long pour se rendre en Italie. L’intention était très claire. Enfin, après un long voyage, l’Empereur est arrivé à Racconigi, près de Turin, et les deux souverains se sont embrassés. Les fêtes qui ont eu lieu ont été ce qu’elles sont toujours en pareil cas ; mais les toasts qui ont été échangés ont été très significatifs. « La visite de Votre Majesté, a dit le roi Victor-Emmanuel, est la confirmation de la sincère amitié et de la conformité des buts unissant nos maisons, nos gouvernemens et nos pays. » A quoi l’Empereur a répondu : « L’accueil si sympathique que je trouve en Italie répond aux sincères amitiés et à la communauté de vues et d’intérêts qui unissent nos maisons, nos gouvernemens et nos pays. » Conformité de buts, communauté de vues : si on pèse tous ces mots, on leur trouvera un certain poids. Il est permis d’en conclure que la Russie et l’Italie se sont entendues sur un certain nombre d’objets qui ne peuvent se rapporter qu’au problème oriental, et que leurs gouvernemens ont jugé utile de manifester cet accord.

A son retour d’Italie, l’Empereur traversant pour la seconde fois la France comme il l’avait déjà fait à son premier voyage, M. le ministre des Affaires étrangères est allé à Modane lui apporter les hommages du gouvernement de la République. Personne ne prendra ombrage de ces manifestations, qui ne menacent personne. Elles ont causé une grande satisfaction à l’Italie, et son gouvernement peut à bon droit les regarder comme un succès pour lui. Quant à nous, comment ne nous réjouirions-nous pas de tous les rapprochemens qui s’opèrent entre notre allié et nos amis ?


Francis Charmes.
Le Directeur-Gérant,
Francis Charmes.