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Ainsi l’objet du nouveau « Conseil charitable » était, d’abord, fort limité et purement judiciaire : « le principal but de cette Compagnie » était « de porter et disposer l’esprit des pauvres familles aux accommodemens. » — De même, sa sphère d’action était restreinte au territoire, du reste assez vaste à cette date, de la paroisse Saint-Sulpice : « M. Du Plessis-Montbard fut d’avis d’inviter à cette assemblée le bailli de Saint-Germain, lequel y serait fort utile comme juge. » — Enfin l’on stipulait « qu’il serait fait mention, dans le registre des délibérations de l’Assemblée de Paroisse, de la subordination » du Comité nouveau « à ladite assemblée de paroisse. »

Mais déjà, peut-être, différens détails pouvaient révéler, chez ces pacifiques avocats des pauvres, d’autres desseins. Dès la troisième séance, on choisit pour jour de réunion le jeudi, c’est-à-dire le jour où, depuis quarante ans, la Compagnie du Saint-Sacrement s’assemblait. — Aux séances suivantes, où les assistans se font plus nombreux, beaucoup d’autres personnages, dont l’histoire de Voyer d’Argenson répète les noms, reparaissent : Le Moyne, avocat, Lamy, Lefèvre d’Ormesson, La Mothe-Fénelon, d’Hémery, de Bernage, Pingre, Jasse, d’Argenson lui-même. — Puis, surtout, l’ordre du jour change, et étrangement.

Voici qu’on ne s’occupe plus seulement d’ « un différend entre mari et femme » ou de « la retardation d’un paiement dont se plaint un porteur de chaise, » ou du « règlement de compte entre un cordonnier et sa fille ; » — on s’occupe, à partir du 26 janvier 1668, de la visite de la prison de Saint-Germain ; à partir du 10 mai, de la punition des blasphémateurs, article sur lequel, dès le jeudi 15 novembre, la Compagnie obtient satisfaction : « M. Amy, » qu’elle a délégué à cet effet, lui ayant annoncé que par l’ordre du Conseil de guerre, un soldat a eu le fouet, et ensuite la fleur de lys au visage, et ensuite a été banni pour raison desdits blasphèmes. » Le 31 janvier 1669, l’assemblée décide « que l’on fera imprimer les derniers arrêts et sentences intervenus à ce sujet. » Le 13 mars, l’un de ses membres « dit avoir porté à M. le Procureur fiscal deux plaintes contre deux particuliers, afin de les lui faire signer et obtenir permission d’informer, et attend la réponse. » Au printemps de cette même année, l’assemblée se procure « expédition des sentences rendues contre une personne qui débauchait les filles, » et « contre des ecclésiastiques, » vraisemblablement afin de tenir la main