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quatre amis, une nuit, devant les Tuileries éclairées pour un bal, et rapporté dans l’Histoire de ma vie de George Sand : « Moi, je vous dis que pour rajeunir et renouveler votre 5 02iété corrompue, il faut que ce beau fleuve soit rouge de sang ; que ce palais maudit soit réduit en cendres et que cette vaste cité où plongent vos regards soit une grève nue où la famille du pauvre promènera la charrue et dressera sa chaumière. » — Cela ne compte pas ; ce sont Tusculanes d’après souper.

L’éloquence de Michel de Bourges est bien mêlée. Le plus souvent elle est déclamatoire et un peu creuse et très médiocrement logique ; quelquefois elle est presque serrée, vive au moins et pressante, mais toujours gâtée par quelque exagération aussi malencontreuse que facile ; quelquefois enfin elle est belle, élevée, pleine, et nous enlève assez haut sans nous faire retomber brusquement, et alors, ce qu’elle mérite, c’est quelque chose qui n’est pas éloigné de l’admiration. Feuilletons, si vous voulez.

Procès de Mme Dudevant (George Sand.) Il y a affluence dans le prétoire, comme on peut penser. L’avocat de Mme Dudevant se lève, et, se rappelant une Messénienne célèbre de Casimir Delavigne :


A qui réserve-t-on ces apprêts meurtriers ?
Pour qui ces torches qu’on excite ?…
D’où vient ce bruit lugubre ? Où courent ces guerriers ?…
Sans doute l’honneur les enflamme…
Non…


il s’écrie de prime abord : « Pourquoi cette foule empressée qui vous environne ? Pourquoi cette réunion inaccoutumée qui se presse dans cette enceinte ? Pourquoi ces femmes parées, comme pour un jour de fête ? Etes-vous appelés à délibérer sur une mesure d’où dépend le bonheur de l’État ? Allez-vous donner votre sanction à l’un de ces édits de clémence qui font la gloire d’un règne ? Non. Qu’est-ce donc, messieurs ? Une femme veut reconquérir sa liberté outragée… » Ils le savaient. L’utilité, l’opportunité et le tact de cet exorde font un doute.

Je voudrais qu’on lût le discours du 15 juillet 1851 sur la révision de la Constitution. C’est un grand effort. C’est un discours de circonstance sur l’histoire universelle. L’orateur y a voulu faire entrer les politiques constitutionnelles de toutes les nations, tant anciennes que modernes. L’effort est trop grand.