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scenario. Dans l’une, Pamina, solennellement, dépose le cercueil doré sur un autel, afin de vouer son fils au dieu de la Lumière ; mais tout à coup l’autel et le cercueil disparaissent sous terre, « pendant que les personnages, à l’aide de la musique, expriment une série très diverse d’émotions passionnées. » Dans l’autre scène, Sarastro, vêtu en pèlerin, remet à Papageno trois gros œufs, dont on voit sortir trois enfans. » La manière dont ces enfans se conduisent entre eux, ainsi qu’à l’égard de leurs parens, fournira l’occasion de maints détails comiques ; aussi bien au poète qu’au musicien. Puis Sarastro revient vers Papageno. Quelques mots sur l’éducation des enfans. » Et le pèlerin demande à Papageno, en échange de la grâce qu’il lui a conférée, de se rendre tout de suite, avec sa femme et ses enfans, au palais de Tamino ; afin que, par le son de sa flûte et par ses drôleries, il divertisse le couple princier de l’angoisse mortelle où il est plongé.

C’est vraiment à quoi réussit l’ex-marchand d’oiseaux dans la scène ; entièrement rédigée, qui succède à ces deux scenarios, et qui est destinée à former le premier finale de l’opéra-comique. L’action débute par un chœur en sourdine, décrivant le misérable état des deux jeunes parens, qui ne sortent parfois d’une léthargie sans conscience que pour s’abîmer en larmes et sanglots. Survient Papageno, avec son cortège emplumé ; et un long dialogue s’engage entre lui et les serviteurs du palais, se refusant d’abord à le recevoir. Mais à peine a-t-il commencé à jouer de sa flûte qu’aussitôt Tamino et Pamina s’éveillent, sentent leur chagrin s’amollir et décroître, résolvent de secouer leur torpeur, et d’agir et de lutter infatigablement pour reconquérir l’enfant bien-aimé, comme ils ont fait devant nous, autrefois, pour se conquérir l’un l’autre.

Enfin la dernière scène du « fragment » nous offre l’introduction de l’acte deuxième. Dans un caveau souterrain, où deux hommes s’occupent à garder le sarcophage d’or, Tamino et Pamina, accompagnés de leur flûte fidèle, subissent sans trembler les mêmes épreuves du feu et de l’eau qu’ils ont subies déjà au second finale de l’œuvre de Mozart : mais au moment où la voix de leur fils, s’élevant du cercueil, leur permet d’espérer une fin prochaine de leur aventure, un nouveau sortilège de la Reine de la Nuit transforme l’enfant en un génie ailé, qui brusquement s’envole et disparaît à leur vue, après avoir chanté deux strophes singulières, où il dit qu’il est « perdu dès l’heure de sa naissance, » et que « ni les dragons, ni les armées ne peuvent rien contre lui. »

Tel est, en résumé, ce « fragment » définitif, de la Seconde partie