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siège du gouvernement de l’Union, mais le Parlement tiendra ses séances au Cap. Ces deux villes étant situées à plus de 1 200 kilomètres l’une de l’autre, l’arrangement ne semble pas très pratique. On le révisera sans doute quand on en aura reconnu les inconvéniens, ou quand l’incorporation de la Rhodesia à l’Union aura déplacé le centre de gravité du système.


VIII

Et maintenant, demandera-t-on, que va-t-il arriver ?

Il va arriver que les mêmes hommes qui ont préparé la rénovation de leur pays, tout en faisant peu à peu place à de plus jeunes, vont se remettre à l’œuvre, car ils n’ont encore créé qu’un instrument. La concentration des pouvoirs dans le gouvernement de l’Union nécessite un labeur considérable. L’appareil administratif est à créer, les lois provinciales, avant de devenir lois de l’Union, sont à harmoniser et à codifier. C’est un démontage et un remontage, pièce à pièce, et sur un autre plan, de tous les organes, un déplacement et un reclassement de tout le personnel. Deux ou trois ans de travail devront être employés pour mettre le nouvel organisme en fonctionnement normal, avant qu’on ait le loisir de s’occuper de « politique. »

Il est désirable, — mais on peut espérer qu’il en sera ainsi, — que dès le début de cette période, les partis cessent de se classer sur les bases anciennes. Les conceptions, les aspirations individuelles, porteront encore l’empreinte des différences de mentalité des deux races. Les anciens souvenirs n’auront pas disparu. Mais puisque le souci de l’intérêt général a dominé les ressenti mens au sein de cette Convention nationale qui restera une des plus belles pages de l’histoire de l’Afrique du Sud, il n’est pas téméraire de supposer que la même préoccupation inspirera ceux qui vont prendre la responsabilité d’inaugurer l’ère nouvelle.

Les commencemens de l’Union sont favorisés par diverses circonstances qui se prolongeront au moins pendant quelques années. Elle n’a pas à charger son budget de lourdes dépenses militaires et navales, et peut donc employer presque toutes ses ressources à des objets d’une immédiate utilité. En second lieu, elle ne trouve pas dans son personnel politique, ou ne trouve que dans une proportion insignifiante les élémens d’un labour party.