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qu’une sorte d’alliance devant protéger ses intérêts. La perspective d’être soumis aux décisions d’un parlement où les Boërs seraient peut-être en majorité ne pouvait plaire aux colons de Natal, et leurs préférences allaient à une constitution fédérale comportant un minimum de fédération, à la mode australienne.

Les promoteurs du mouvement, — c’est-à-dire les ministres des colonies annexées et de la colonie du Cap, — se rendaient compte des difficultés de la situation. Leur sagacité apprécia très justement que l’union, — à plus forte raison l’unification, — avait surtout à craindre un retour offensif du sentiment d’antagonisme des races. Ils manœuvrèrent en conséquence. D’abord, le choix de Durban pour la réunion de la Convention fut, vis-à-vis du Natal, le témoignage d’intentions très conciliantes. Mais, plus intéressant encore était le choix des délégués. On pouvait ne laisser aux progressistes qu’un nombre infime de sièges dans la Convention. Cette faute ne fut pas commise. Dans chaque colonie, le chef de l’opposition fut inscrit avec le premier ministre sur la liste des candidats proposés, chaque parti y fut représenté en proportion de son importance numérique, et les Chambres acceptèrent ces désignations sans débat. Ainsi se rencontrèrent dans cette assemblée constituante les glorieux vaincus de la dernière guerre (Louis Botha, Smuts, Shalk Burger, Delarey, Ch. De Wet, Hertzog) avec les chefs du parti progressiste, dont le plus notable, le docteur Jameson, était acquis déjà à la cause de l’unification.

Au moment où la Convention allait se réunir, le Times rendit justice à l’esprit qui avait dicté ces choix, en disant : « Les délégués qui vont s’assembler à Durban forment un groupe possédant toutes les conditions d’autorité et de compétence qu’on pouvait espérer réunir pour exprimer les vœux et les opinions des communautés dont ils font partie. »

Afin d’éviter qu’une agitation se créât autour des délibérations de l’assemblée constituante, on prit la décision de les tenir secrètes. La première séance fut précédée de la lecture d’un message officiel exprimant à la Convention les sympathies du gouvernement britannique et formant des vœux pour le succès de ses travaux. Sir H. de Villiers, Chief Justice (président de la Haute-Cour) de la colonie du Cap, fut élu président à l’unanimité, et les délégués se mirent résolument à l’œuvre.

Ne se dégage-t-il pas déjà de ces préliminaires une