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Conférence intercoloniale. Quelques jours après, la colonie de Natal l’adoptait également. Les délégués furent nommés sur la proposition des ministres, la date d’inauguration de la Convention fixée au 12 octobre, et la ville de Durban choisie comme lieu de réunion.


VI

Cette marche en avant, d’allure ferme et résolue, indiquait bien que le mouvement des populations de l’Afrique australe, les entraînant dans une action commune, était puissant et réfléchi. Mais la sincérité de l’accord sur le principe de l’union laissait intactes les divergences de vues existant entre les colonies, et même dans chaque colonie, sur les modes d’application. En premier lieu, — la résolution de la Conférence l’avait mentionné explicitement, — se posait la question de la forme que prendrait l’union. C’était un choix à faire entre deux conceptions très distinctes, dont l’une s’exprimait par le mot « Fédération, » l’autre par le mot « Unification. » Dans les deux cas, une partie des pouvoirs de gouvernement serait déléguée par chaque colonie au gouvernement central ; mais si on se décidait pour une fédération, les pouvoirs non délégués seraient encore assez étendus pour justifier le maintien des quatre Parlemens coloniaux, tandis que, si on adoptait l’unification, ces Parlemens devant disparaître, les colonies ne seraient plus que des provinces jouissant d’une autonomie restreinte à la direction de leurs affaires strictement locales.

Indépendamment des mérites propres à chacun des deux systèmes, l’unification avait sur la fédération une évidente supériorité, celle d’être plus simple et, pour cette raison, probablement moins coûteuse. Remplacer quatre gouvernemens par un seul allégerait les charges du pays ; leur en superposer un cinquième les accroîtrait certainement. Cet argument faisait impression.

La colonie du Cap et celle du Transvaal, l’une la plus peuplée, l’autre la plus riche, étaient favorables à l’unification. Même, au Transvaal, où ne concevait pas l’union sous une autre forme, parce que cette colonie, dont le relèvement entrepris par lord Milner, s’était accentué sous la sage et économe administration du général Botha, depuis l’émancipation, était de beaucoup la plus prospère. Les colonies côtières (le Cap et